Mar 192024
 
perroquet non sevre

Gris du Gabon non sevré

Avant de commencer à démanteler cette nouvelle « mode » de vente de bébé perroquet non sevré, il s’avère sûrement utile de revenir sur le processus de sevrage chez les oiseaux. Le sevrage intervient en dernière phase, c’est le terminus où l’oiseau acquiert enfin son autonomie vis-à-vis de ses parents (ou l’homme). Il sait définitivement se nourrir et boire seul. C’est une étape très importante pour l’oisillon qui ne doit pas être ratée.

 

Cet article fait face à une nouvelle pandémie qui touche notre beau monde ailé.

En effet, nous avons vu ces 10 dernières années un nouvel engouement pour les oiseaux apprivoisés, et notamment les EAM (élevé à la main). Il faut dire que les oiseaux nourris à la main par l’homme sont, bien entendu, plus sujets à être manipulés et donc inévitablement à s’attacher facilement à se dernier.
 
Pour faire face à la demande croissance de perroquets de compagnie, les éleveurs se sont vu systématiser (à tord ou à raison, ce n’est pas le débat) ce type de nourrissage.
En pratique, l’éleveur va donc retirer l’oisillon des parents et lui fournir une nourriture spécialisée de substitution. L’oisillon va donc grandir avec l’homme (parent de substitution), ce qui en fait des oiseaux câlins, joueurs, manipulables… grâce à ce rapport oiseau/homme et à un renforcement positif dans une relation de cohabitation.
Cela dure jusqu’au moment de son sevrage, là où l’oiseau acquiert son autonomie. La cession peut alors s’opérer : l’animal est capable de se débrouiller tout seul et il est ainsi apte à rejoindre sa nouvelle famille (très impatiente nous n’en doutons pas !).
Seulement là où les problèmes arrivent et perturbent ce beau schéma (qui pourtant reste relativement simple) c’est le lâché prise de l’oisillon dans la nouvelle famille avant même son sevrage !
En effet, certains petits profiteurs ont fait courir de fausses informations, afin de pouvoir écouler leurs bébés non sevrés sans scrupule !!
Il est donc dans l’intérêt de tous de clarifier ceci et d’y mettre un terme rapidement !
 
1°) Les « faux arguments »
 
« L’Eam c’est pas du tout compliqué »
 
–) FAUX ! L’élevage à la main est une pratique très spécifique, qui nécessite un apprentissage approfondi. Ce n’est pas une technique qui s’apprend avec une simple démonstration de 5 minutes, elle nécessite une parfaite maîtrise qui s’acquiert avec des années d’expériences.
 
« l’oiseau sera beaucoup plus câlin avec vous si vous lui donner la tété ».
 
–) FAUX ! Un oiseau, dès l’ouverture de ses yeux va assimiler la main de l’homme à la source de nourriture. À cet âge ils ne font aucune distinction entre 2 personnes différentes leur donnant la nourriture, au passage c’est d’ailleurs plus votre main qui les intéresse. Votre perroquet ne vous aimera pas plus si vous lui donnez la pâtée ou si vous l’obtenez une fois sevré et cédé.
Un oiseau qui aura été correctement élevé et manipulé par l’éleveur, n’éprouvera aucune gêne à l’être par vous ou par quiconque d’autre.
Ce n’est qu’en grandissant que votre oiseau choisira son maître (son partenaire pour lui). De plus les bébés oiseaux ne sont pas des bébés humains pour lesquels il peut être enjôleur de donner le biberon. Les éleveurs peu scrupuleux joueront ici sur votre corde sensible. Attendez sagement que l’oisillon mange tout seul avant de lui donner toute l’affection que vous avez envie de lui donner.
 
« Ça vous coûtera moins cher ».
 
–) FAUX ! Les prix des éleveurs sont basés bien évidemment sur le temps et la nourriture qui est nécessaire… Si l’oiseau vous est cédé avant son sevrage avec une différence de prix, attendez-vous, bien évidement, à avoir un retour de médaille ! Ce genre d’éleveurs colportant n’importe quelles infos ne sont bien entendu pas du genre à faire des fleurs aux futurs acheteurs ! En effet comptez en supplément, le prix de la pâtée d’élevage à la main, une seringue ADEQUATE, des fruits… pour le sevrage … et le temps que vous y passerez. Si en plus vous n’avez pas de chance, si un accident devait arriver, rajoutez le prix d’une consultation vétérinaire… et faites le calcul !
 
« Trop bien… le délai d’attente sera réduit ! »
 
–) FAUX ! Un sevrage raté peut durer très longtemps… voir des mois ! Au lieu de patienter 2 semaines de plus, vous avez voulu prendre le risque et vous voila dans une sale galère… Que représentent 2 semaines de vie face à 50 ans de bonheur avec votre perroquet ? Ça laisse perplexe ! La question ne devrait même pas se poser, la raison elle-même suffit à y répondre.
 
2°) La face cachée et les risques que vous encourez :
 
Stress décuplé (changement d’environnement) ==> en effet votre oiseaux va perdre ses repères, vous lui rajoutez en plus du stress dû au sevrage un stress de changement inutile.
 
Mauvaise manipulation lors du nourrissage ==> et oui quand on n’a pas l’habitude, on n’est pas à l’abri d’un accident. Se tromper de sens et déverser la pâtée dans les poumons, ou une blessure en voulant le saisir n’est pas a exclure, la mort est instantanée. Les poumons d’un perroquet étant très rigides, la contention ne doit donc jamais se faire en comprimant la cage thoracique comme cela se passe trop souvent.
 
Pâtée mal diluée, mauvaise température ==> encore une fois l’habitude de l’eam ne s’apprend pas sur le tas.
 
Le “sur nourrissage” ==> également très fréquent entraînant une sur dilatation du jabot. Ceci est encore du au non respect des doses et à l’absence de pesée de l’oisillon et des éléments constitutifs de la pâtée.
 
Brûlure de jabot ==> vous pouvez, sans même vous en rendre compte, brûler le jabot de votre bébé en lui donnant une pâtée trop chaude. Ce type de blessures peuvent être mortelles.
 
Rejets ==> une pression un peu trop forte sur la seringue, et on remplit à max le jabot de son oiseaux ! Qui soudain être pris de spasmes pour rejeter son trop plein de pâtée !
 
Blocage de jabot ==> en effet le risque reste très grand, le stress, une mauvaise connaissance, un trop plein de pâtée, des horaires irréguliers, mauvaise température… vous exposez inévitablement votre oiseau au blocage de jabot, les bactéries se développent dans son jabot et s’en suit la mort de votre bébé !
 
Bactéries ==> les bactéries peuvent très facilement se développer si les ustensiles sont mal nettoyés et désinfectés.
 
Risque de percer le jabot de votre oiseau ==> mauvaise manipulation là encore, de même que la sonde peut tomber dans la jabot de l’oiseau, et oui ça arrive !
 
Sevrage raté ==> en effet chaque oiseau est différent et choisit lui-même son rythme de sevrage. Lorsque l’on débute, on ne perçoit pas les signes annonciateurs. On peut passer à côté du moment opportun un bon moment et prolonger le sevrage de plusieurs mois, tout comme en sens inverse, accélérer le sevrage alors que votre oiseau n’est pas prêt, au risque de l’affaiblir dangereusement.
 
Problèmes rénaux ==> Certain utilise également l’eau du robinet pour confectionner leur pâtée. Les reins d’un oiseau sont extrêmement petits et donc inadapté à la filtration du Chlore.
 
Perte de poids trop importante ==> les bébés perdent du poids pendant leur sevrage, on réduit le nombre de nourrissage, seulement on risque tout simplement de le laisser mourir de faim si on ne s’aperçoit pas que son oiseau n’était pas prêt, la perte de poids, la malnutrition, ou encore une déshydratation peuvent être fatales ou très affaiblissantes.
 
Déshydratation ==> Incolore, inodore : on retrouve simplement l’oiseau mort. Ceci est dû à l’approximation de fabrication de la pâtée par le préparateur. Souvent élaborée “à l’œil” sans pesée ni de la pâtée, ni de l’eau.
 
3°) La bonne attitude
 
Refuser tout contact avec éleveur promouvant cette « pratique », quel qu’en soit la justification. On est éleveur jusqu’au bout ou on ne l’est pas !
 
Ne jamais réclamer la vente d’un oiseau non sevré !

Ne jamais se lancer dans ces péripéties, les risques sont trop importants : laissez son coté tête brûlée à la maison.
 
Se raisonner, laisser son empressement, son envie de coté et patienter calmement, attendre que son oiseau face le 1er pas de lui-même, en toute sécurité, CHEZ l’éleveur.
 
Se rendre dans la mesure du raisonnable chez l’éleveur voir votre oisillon évoluer, ça permet de prendre confiance en soi et en son futur compagnon qu’on s’apprête à recevoir. Les éleveurs corrects ne manquent pas !
 
Ne perdez jamais de vue que l’on parle d’êtres vivants, nécessitant une attention particulière, ayant une grande intelligence. A noter aussi que la vente de chiots non sevrés est interdit pas la loi, il devrait en être autant pour les bébés perroquets ! Aucune justification n’a lieu d’être face à la longue liste des risques encourus. Ces pratiques doivent être dénoncées !
 
Beaucoup de spécialistes s’autorisent également à dire que les problèmes chez les oiseaux (comportements, fécondité, fragilité, picage etc…) sont souvent la résultante d’un mauvais sevrage. D’où l’importance de ne pas négliger et de bien respecter les règles de l’EAM (Elevé A la Main).
 
On parle ici de l’avenir de votre perroquet, de son équilibre mental (un sevrage raté peut facilement engendrer un déséquilibre, accentué par une frustration, un stress, des carences alimentaires…). Soyez raisonnable !
 
A vous nouvel acquéreur, ACHETEZ VOTRE OISEAU SEVRE !
 
A vous éleveur, NE VENDEZ VOS OISILLONS QU’UNE FOIS SEVRE !
 
Pour l’amour de notre passion.

 

Note de l’éleveur : “ON constate une recrudescence de vente de perroquet non sevré, notamment de gris du Gabon non sevré (victime de leur succès), souvent cédés par de simples revendeurs (achat à l’étranger pour une revente en France), nombreux sont les perroquets qui décèdent quelques semaines voire quelques jours après l’acquisition par un particulier, soit par une mauvaise maîtrise du nourrissage EAM, soit par la maladie, il faut savoir que nombre de perroquets notamment gris du Gabon ne décèdent qu’au moment du sevrage lorsqu’ils sont atteints de certains virus, certains revendeurs peu scrupuleux le savent et dans n’hésitent pas à céder des perroquets on sevrés en toute connaissance de cause, l’acheteur se retrouvent fort dépourvu à la mort de son oiseau et sans recours possible notamment pour des oiseaux achetés dans les pays frontaliers…”
 
Conseil de l’éleveur : Achetez un perroquet sevré en France !!
 

Nicolas Lagière

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