Bonjour,
La 1ère fois que j'ai entendu parler de Shanlung, c'était il y a quelques mois, sur ce forum.
Il a un blog et post de nombreux textes, sous forme de journal, décrivants ses expériences, ses voyages, sa vie avec ses animaux, principalement des chats et des oiseaux.
Shanlung est asiatique, je ne sais pas de quelle origine exactement. Ce que je sais c'est qu'il est très cultivé, a beaucoup voyagé, est très ouvert d'esprit et a un véritable don pour raconter les histoires.
Comme tous ses textes sont en anglais, j'ai décidé, avec sa permission, de vous en traduire quelques uns qui , je l'espère, vous intéresseront.
tout ce qui est en italique est ce que je rajoute pour plus de compréhension, le reste est la traduction, le talent en moins, de son journal.
Quand j'ai commencé à lire des extraits du journal de Shanlung, je commençait à entrainer Mauresque, mon grand alexandre, avec l'aide de Jerk, dans le but de lui faire faire du vol libre.
Les textes de Shanlung, en plus de raconter de superbes histoires vécues sont toujours illustrés de magnifiques photos de ses oiseaux et notamment de ses gris en vol libre.
Le 1er échange que j'eus avec lui sur ce forum concernait une mise en garde qui revenait de façon récurrente au début et à la fin de tous ses textes
"S'il vous plait, ne faites pas ce que vous me voyez faire.
Le vol libre est vie et mort. S'il vous plait, ne faites pas ça sans avoir les connaissances indispensables car vous risquez la perte et la mort de votre oiseau"
Le 1er texte de Shanlung que j'ai lu continuait ainsi:
"Quel que soit votre choix, un perroquet n'a pas besoin de faire du vol libre. Lui permettre de voler à l'intérieur lui apportera 95% du bien-être que le vol peut lui apporter.
Permettre à votre oiseau de voler avec un harnais et une laisse, peut peut-être encore ajouter 4.9% à ce bien-être.
Ceci dit, le plaisir intense que ressent celui qui fait voler son perroquet à l'extérieur est indicible.
Si vous vous êtes bien préparés en faisant d'abord voler votre oiseau dans des conditions de "semi-liberté" (par exemple, dans de grands endroits fermés), puis avez fait quelques pas prudents à l'extérieur avec un harnais et une courte laisse pour habituer l'oiseau à ce nouvel environnement, cela minimise les risques.
Les véritables vols avec harnais ne devraient intervenir qu'après un entrainement minutieux de l'oiseau dans des conditions très diverses: vents forts, de face, de côté... Et après lui avoir appris à voler de bas en haut et de haut en bas.
Ne faites pas de vol complètement libre. Les 0.1% de bénéfices que cela apporteraient à votre oiseau sont bien insignifiants par rapport au cauchemar que vous vivriez si les choses tournaient mal.
Vous savez que j'ai fait du vol libre avec mes oiseaux, cela ne m'empêche pas de dire et redire que le vol libre est dangereux, extrêmement dangereux, avec n'importe quelle espèce de perroquet et qui plus est avec un gris.
Si le vol libre n'ajoute que 0.1% de bénéfice à votre oiseau, en revanche, l'adrénaline que VOUS ressentez est immense. Cela revient à "vivre dangereusement".
Après avoir lu ceci, je me disais qu'il était facile de dire faites ce que je dis et pas ce que je fais, d'autant plus que je voulais vraiment entrainer mon oiseau au vol libre consciencieusement, avec l'aide d'un spécialiste qui suivait nos progrès.
Du coup, je lui posai la question de savoir pourquoi, si le bénéfice pour l'oiseau était si faible et le risque si grand, avait il fait du vol libre avec son gris.
Il me répondit par d'autres questions:
"Pourquoi certains escaladent ils des montagnes sans cordes, pourquoi d'autres escaladent ils l'Everest sans oxygène ou sautent en base-jump de ponts ou de buildings ??? "
Pour moi, cette réponse n'était pas complètement satisfaisante et je commençai à lire d'autres histoires contenues dans son journal.
Ainsi je commençai à mieux le comprendre, ses textes soulevant souvent des questions différentes et intéressantes.
Shanlung eut son 1er perroquet, une jeune grise d'import nommée Tinkerbell, en Mai 2002.
A cette époque, il vivait à Taïwan pour son travail.
Assez vite, il écrit sur un forum consacré aux perroquets. A cette époque, il apparait que beaucoup de gens coupent les plumes de leurs perroquets et ne leur permettent même pas de voler à l'intérieur. Il fut une sorte de pionnier lorsqu'il chercha un grand endroit clos afin de faire voler Tinkerbell dans un lieu plus vaste.
Puis, il mit au point un harnais afin de lui permettre de la sortir, de l'emmener partout avec lui et de la faire voler dehors.
Après 3 ans passés à Taïwan, Shanlung du quitter l'ile et à cause de lois sanitaires, il dut laisser Tink à un excellent ami, Mr YU.
Chaque année, il revenait avec sa femme Joy à Taïwan pour lui rendre visite.
Le 1er texte que je veux vous traduire se passe en Décembre 2007, lors d'une de ces visites.
TINKERBELL: Perdue et trouvée
26 décembre 2007:
C'était une magnifique matinée, nous avons pris la route en moto tous les 3 (lui, sa femme Joy et Tinkerbell qui était habituée à faire de la moto perchée sur le guidon).
Nous sommes allés prendre un petit déjeuner, composé de riz gluant et de porc, à mon endroit préféré. A un moment, je me suis levé et en revenant j'échangeai quelques mots avec la propriétaire des lieux que je connaissais bien.
Tinkerbell dut trouver que je ne revenais pas assez vite à son goût et je fus stupéfait lorsque dans un courant d'air Tink atterrit sur mon épaule.
D'ordinaire, lorsqu'elle était sur la moto (ou tout juste descendue), la laisse attachée au harnais était toujours très courte, enroulée autour d'un morceau de bambou servant de bobine.
L'ensemble faisait environ 1kg et je ne pensait pas qu'elle put voler avec un tel poids, même en cas de panique avec l'énergie supplémentaire provoquée par l'adrénaline. Elle ne semblait d'ailleurs pas du tout paniquée et voulait juste venir me voir.
J'avais lu quelque part que les rapaces ne pouvaient pas porter plus que leur propre poids, j'étais donc très surpris que Tink ait soulevé environ 2 fois son poids même sur une courte distance mais je ne me suis pas inquiété et étais même assez fier d'elle.
Avec le recul, j'aurais du prendre cet avertissement très au sérieux, ce que je n'ai pas fait.
Avec ce beau temps, nous décidons d'en profiter pour aller jusqu'au temple de BanTienYen, un endroit magnifique avec de monumentales statues de bronze représentant des divinités. Un peu plus haut sur la route, un petit pavillon dominant la vallée accueillait les promeneurs.
Nous étions à environ 700m d'altitude, dans le massif montagneux d'Alishan.
Nous nous sommes installés dans le petit pavillon sans murs, ouvert d'un côté sur la vue magnifique et de l'autre sur la petite route.
Je demandai quelques rappels à Tink, de 15m puis 25 et 35m, tous très bons.
Puis avec elle sur l'épaule, je marchai un peu pour admirer le paysage.
Cet après-midi idyllique tirait à sa fin. C'était l'hiver, les journées étaient courtes, c'est pourquoi nous avons décidé de partir pas trop tard afin de pouvoir nous arrêter quelques instants admirer les gigantesques statues de bronze en redescendant.
Je posai Tink sur son perchoir/bobine sur un banc pendant que nous rangions nos affaires sur la moto.
Juste à cet instant, un puissant fracas se fit entendre sur la route derrière nous, Joy et moi avons vivement tourné la tête pensant qu'il s'agissait d'un accident de voiture. Une fraction de seconde après ce qui n'était qu'un bruyant camion qui passait, le bruit du bambou/perchoir tombant sur le sol nous fait à nouveau nous retourner pour voir Tink s'envoler par dessus la balustrade du pavillon. La chute du perchoir fit sauter l'élastique qui retenait la bobine, donnant à Tink des mètres et des mètres de "ligne". De plus, je savais depuis le matin même qu'elle pouvait voler avec le poids du bambou. Je la vis tourner au niveau de la cime des arbres, légèrement en dessous du niveau de la balustrade du pavillon.
Elle se posa sur une haute branche d'arbre situé à environ 45m dans une pente escarpée, impossible à atteindre. Je l'appelai en espérant qu'elle revienne mais j'eus peur que la corde ne se soit emmêlée.
Je dis à ma femme de rester au pavillon et de parler à Tink, moi je pris la moto pour redescendre par la route et essayer de rejoindre l'arbre. Je descendis environ 800m puis je vis des sentiers qui semblaient se diriger vers Tink, je les essayai tous pour découvrir qu'ils ne menaient pas dans la bonne direction.
Finalement, je décidai de couper à pied à travers bois.
La pente était très raide (40/45°) et de gros rochers menaçaient de se détacher.
Les arbres étaient assez grands et impossibles à escalader, les 1eres branches se trouvant à plus de 15m du sol.
Je criai à ma femme qui voyait Tink et pouvait m'entendre de m'indiquer la direction à prendre. Il y avait des ravins, des trous profonds, des ronces et des branches cassées.
Je glissai et tombai. Je dus m'arrêter pour récupérer un peu. Finalement, je réussis à trouver l'arbre avec Tink sur sa branche.
Elle était environ à 18m de haut. Elle m'appela quand elle me vit. La ligne était emmêlée aux branches mais j'espérai qu'elle dispose d'une longueur suffisante et qu'elle use de la force montrée le matin même pour se dégager mais quand je l'appelai, la corde devait l'entraver car elle n'essaya même pas de venir.
Il était 16h30, je savais que le jour allait vite tomber.
Nous ne pouvions pas téléphoner et la ville était à plus d'1h de route. Je restai au pied de l'arbre à lui parler puis la nuit commença à tomber. Je lui dis que je reviendrais le lendemain et lui promis de la faire descendre de là.
Je rejoignis Joy au pavillon et nous avons repris la route de la maison de YU. En arrivant, je lui expliquai la situation de Tink.
Rien de plus ne pouvait être fait pour le moment si ce n'est mettre un plan en place afin de la récupérer le lendemain.
27 décembre 2007
Le réveil sonna à 4h du matin. A 5h30, nous étions au pavillon.
Joy et moi étions inquiets pour Tinkerbell.
A 6h, aux 1ère lueurs de l'aube, j'étais au pied de l'arbre et lorsque j'aperçus le rouge de sa queue, je fus soulagé.
Je l'appelai, elle répondit puis je me mis à lui parler doucement pour la rassurer.
Les pompiers que nous avions appelés, ne s'estimèrent pas assez équipés surtout vu l'endroit plus qu'accidenté où se trouvait l'arbre de Tink et ils ne se déplacèrent même pas.
La matinée avançait et je compris que ça allait être à moi de la sortir de là.
En regardant avec des jumelles, je pouvais apercevoir une partie de le ligne attachée à son harnais.
Je retournai à la route pour aller aux nouvelles. YU me dit que du secours devait arriver en début d'après-midi. Je lui dis que j'avais une idée et que j'allais tenter quelquechose.
Je redescendis en ville, à la boutique d'articles de pêche où j'expliquai ce que je voulais. Mon idée était de catapulter une autre ligne autour de celle de Tink afin de la faire tomber et d'en démêler une partie.
Il me fallait un genre de "catapulte" où plutôt de lance-pierres, dui plomb de différentes tailles et 100m de fil de pêche.
Je retournai alors au pavillon pour expliquer mon plan à ma femme. Il était 13h, j'étais tellement excité que je n'avais rien pris à manger, j'allais le regretter.
A 13h30 j'étais de nouveau au pied de l'arbre. Il fallait que je parvienne à lancer le fil de pêche, lesté par du plomb, directement autour de la ligne de Tink.
J'étais debout, dans une pente à 45°.
J'essayai quelques tirs, juste avec des plombs plus ou moins lourd afin d'estimer quelle taille conviendrait le mieux. Tous paraissaient convenir.
J'attachai la ligne à un plomb et commençai à tirer en l'air mais les branches mortes, les broussailles et les racines qui jonchaient le sol bloquaient la ligne quand je tentais de lancer mon plomb.
Je dus nettoyer le sol avant de réessayer. Ce n'était pas facile. Je regrettai de ne pas avoir acheté ce repas, la faim ne m'aidait pas.
Je tirais à travers les branches et réessayais de nombreuses fois. La ligne s'emmêlait parfois, je devais la couper et recommencer.
Je commençais à m'inquiéter pour la quantité de ligne que j'allais devoir jeter.
Soit je ratais carrément mon tir, soit les plombs frappaient les branches autour de Tink et je craignais qu'ils ne ricochent sur elle.
A un moment, je fis le tir parfait et je vis ma ligne passer par dessus celle de Tink. Maintenant, il fallait que le plomb redescende de l'autre côté, ainsi je pourrais l'attraper et faire descendre la ligne de Tink.
C'est alors que je me rendis compte que j'avais utilisé un plomb trop léger pour retomber de l'autre côté. J'essayai encore et encore mais la fatigue aidant, je n'arrivais plus à rien.
Vers 14h30 j'entendis un appel venant de la route en contrebas. C'était Mr Leow, un ami fermier qui vivait dans les environs. Il était le seul à pouvoir m'aider.
Je descendis jusqu'à la route pour le guider. Je sentis mon cœur s'arrêter de battre quand je vis qu'il amenait juste une perche de 2m avec une lame de faucille fixée à une extrémité. Je lui dis que sa perche était trop courte. Il me montra alors qu'elle était télescopique avec une série de tubes imbriqués les uns dans les autres.
Je souris, pensant qu'il avait une chance. Peu de temps après, nous étions au pied de l'arbre.
La perche, une fois déployée, pouvait tout juste atteindre la partie de la ligne située tout près de Tink. A défaut de pouvoir faire descendre sa ligne, nous pouvions la couper.
Plus tôt, je n'aurais pas accepté de couper la ligne de peur que Tink prenne peur et ne s'enfuie vers un autre endroit inconnu, ce qui aurait été un cauchemar.
J'étais affaibli par le manque de nourriture. Mr Leow me demanda si on devait couper la ligne de Tink. Je n'étais pas sûr. Et si l'aide attendue arrivait enfin. D'un autre côté, je ne voulais pas que Tink reste piégée plus longtemps. L'écorce de l'arbre était arrachée autour du tronc, montrant que Tink avait du chercher à se nourrir.
Je devais prendre une décision, la lame était tout près de Tinkerbell. Je pris une profonde inspiration et, en espérant qu'elle ne panique pas, je dis à Mr Leow de couper, ce qui fut fait dans l'instant.
Tink du se sentir libérée à cet instant et à mon grand soulagement elle vola 2m, jusqu'à une branche de l'arbre voisin.
Je remerciai Mr Leow, lui disant que tout irait bien maintenant et lui demandai de partir au cas où sa présence effraierait Tink et l'empêcherait de voler jusqu'à moi.
Après son départ, je me remis à parler doucement à Tink. Il était environ 15h et la lumière commençait déjà à baisser.
Je voulais qu'elle vole jusqu'à moi où je l'aurais mise dans une taie d'oreiller, prévue à cet effet, afin de la ramener dans sa cage de transport, attachée à la moto.
Elle était aussi haut qu'avant, à plus de 15m et j'étais presque juste en dessous d'elle. Je savais que le meilleur angle pour qu'elle vole jusqu'à moi était de 45° environ.
J'essayai donc de me positionner mais la forêt était très dense et le terrain difficile et je me retrouvais hors de sa vue.
Il y avait des trous et des ravins et je dus retourner au pied de son arbre et continuai à lui parler.
De temps en temps je criai pour tenir ma femme, restée au pavillon, au courant de ce qui se passait.
J'étais de plus en plus nerveux. Tink ne bougeait pas de sa branche. Je sortis mes jumelles, j'aurais aimé en avoir de meilleures. Je regardai vers Tink et bien que la corde ait été coupée très court, j'eus l'impression qu'elle était encore coincée. C'est à ce moment qu'une branche morte craqua et Tink s'envola à nouveau. Elle n'était donc pas coincée comme je l'avais cru.
Elle ne paniqua pas et s'envola 15m plus loin jusqu'à un autre arbre en contrebas mais comme elle avait maintenu son altitude, elle était maintenant encore plus haut,; à environ 25m du sol.
Je descendis pour être avec elle mais je ne pus toujpours pas trouver cet angle à 45° qui aurait été plus pratique pour elle.
Je l'appelais encore et encore, je secouais la boite de graines de tournesol en lui promettant plein de bonnes choses à manger.
Je fus surpris qu'après plus de 24h, elle n'eut pas assez faim pour voler jusqu'à moi. Je lui montrais la bouteille de jus d'orange aussi.
Elle se lissa les plumes, parut prête à s'envoler et recommença à se lisser les plumes. C'était si frustrant.
J'étais inquiet, très inquiet. Il se faisait tard.
Je criai à ma femme de descendre les 800m de route jusqu'à l'endroit où était garée la moto.
Le jour tombait très vite. Ma femme, à l'entrée de la forêt, me criait de revenir mais j'espérais toujours que Tink allait se décider à me rejoindre. Je dis à ma femme que je voulais attendre que la nuit soit tombée complètement, ainsi Tink ne bougerait pas jusqu'au lendemain. Ainsi, demain je serai là à l'aube et après 2 jours sans nourriture Tink viendrait certainement.
Il était de plus en plus difficile de la voir, on distinguait juste sa silhouette. Je criai à Joy que j'arrivais.
Alors, à ma grande surprise, Tink pris peur et s'envola dans un puissant battement d'ailes. Je criai à ma femme de la suivre des yeux. Elle la vit passer au dessus de sa tête et traverser la route vers la forêt, de l'autre côté.
Quand je rejoignis Joy, elle me dit qu'elle avait vu 2 formes sombres avec des queues touffues, bondissant dans les branches en direction de Tink.
Pendant que nous remontions la route elle me dit qu'elle avait vu Tink voler au niveau de la cime des arbres et qu'elle était restée à ce niveau jusqu'à ce qu'elle la perde de vue.
Il faisait complètement noir, j'étais très en colère contre moi-même. Je disais à tout le monde que la ligne devait toujours être attachée à la ceinture.
Je pensais que le poids de la bobine était suffisant alors que le matin même j'avais eu la preuve que non et au lieu de m'en inquiéter, j'avais été bêtement fier d'elle.
La bobine aurait dû être attachée à mon sac à dos.
Joy pris une bonne photo de Tink qu'elle avait sur son portable afin d'imprimer des affiches en couleurs puis nous nous sommes couchés tôt.
28 décembre 2007
Nous nous sommes réveillés à 4h du matin. Nous avions fait 100 affiches et flyers avec la photo de Tinkerbell.
A ce stade, j'étais très inquiet mais j'étais sûr de la retrouver.
Nous avons repris la route du pavillon dans un brouillard épais. Je devais m'arrêter tout les 400m pour enlever la buée de mes lunettes. Il faisait très froid aussi.
Je repensais à l'enchainement des évènements.
Nous sommes arrivés au pavillon au lever du jour. Comme c'était l'endroit d'où elle s'était échappée, nous pensions devoir commencer par là au cas où elle serait revenue.
Quand j'étais avec Tink dans la forêt, la veille, Joy entendait clairement ses cris à plus de 45m, nous espérions la localiser grâce à ses cris.
Quelques jours plus tôt, ce magnifique paysage était si agréable à regarder. Aujourd'hui, la même vue m'oppressait.
J'appelais Tink et nous attendions, les oreilles attentives à une éventuelle réponse de sa part.
Je pensais qu'il nous fallait plus d'yeux et d'oreilles pour nos recherches.
Le pavillon a été le premier endroit où nous avons mis une affiche avec la photo de Tink.
La veille au soir, elle s'était envolée vers le nord. Si elle était passée derrière la ligne de crète, elle serait à JUCHIH.
Nous avons descendu la route en silence en nous arrêtant souvent pour appeler et écouter si elle répondait.
J'avais des photos de Tink que je montrais aux villeageois rencontrés sur la route. Je résumais au maximum le récit de la perte de Tink.
J'avais du mal à regarder ces vieilles photos pendant que je racontais encore et encore mon histoire aux quelques personnes croisées sur la route.
Je leur demandais d'en parler à leurs amis et leur laissais des flyers avec la photo de Tink et le numéro de téléphone de YU.
Nous posions des affiches aux endroits clés, aux carrefours, dans les écoles, au poste de police où on m'assura qu'un maximum de gens seraient prévenus.
En d'autres occasions, j'aurais apprécié ces magnifiques montagnes mais la vue de ces immenses vallées et de ces épaisses forêts me faisait réaliser l'ampleur des recherches.
Cette zone était assez vaste et accidentée pour cacher une demi-douzaine de BenLaden et dix bataillons de forces spéciales cherchant BenLaden... et moi, je tentais de localiser une boule de plumes grises.
Nous conduisions sur les routes principales mais l'essentiel de la zone était impossible à atteindre.
Je jouais une énorme partie d'échecs avec les Dieux eux-mêmes.
Des questions revenaient sans arrêt.
Restions-nous arrêtés assez longtemps pour lui laisser le temps de répondre ?
Perdions-nous notre temps dans une zone où elle n'était pas ?
Avions-nous parlé aux bonnes personnes ?
Quelle surface était-il raisonnable de couvrir ?
Il commence à faire plus chaud, nous enlevons nos blousons... et nos pulls puis plus tard, dans l'après-midi, nous remettons nos pulls, puis nos blousons.
Il était temps de récolter les centaines de kakis brillants d'un bel orange. Je savais que Tink ne mourrait pas de faim.
Son harnais avait été fait par YU, j'étais confiant dans le fait qu'elle parvienne à se débarrasser du simple lacet et dans le cas contraire, la très courte laisse ne devrait pas s'emmêler.
Je suis angoissé, quand à la fin du jour, nous devons rentrer.
La confiance que j'avais au début diminue à mesure que l'ampleur des recherches augmente.
29 décembre 2007
Nous nous étions couchés tôt la veille comme les autres jours et nous sommes arrivés tôt au pavillon.
Je pensais qu'il fallait que j'abandonne les routes principales pour prendre les plus petites qui descendaient dans la vallée.
Joy resta au pavillon.
Je prends la première route secondaire en direction de l'envol de Tinkerbell. Le chemin grimpe à près de 40%.
Je dois descendre de moto et marcher. Le chemin mène à une immense propriété privée. Le gardien se radoucit quand je lui explique pourquoi je suis là.
Du bord de la propriété, je peux voir au loin le pavillon. Je vois aussi le sommet vers lequel il se peut que Tink se soit envolée. La petite vallée entre les deux est impénétrable.
J'appelle. J'attends. J'appelle. J'espère presque que Tink ne réponde pas et vole directement vers moi.
Je vois deux énormes aigles glisser très haut dans le ciel mais le plus effrayant est le plané silencieux d'un troisième rapace à dix mètres au dessus de moi. Son ombre me croise sur le sol.
Je rentre au pavillon. Joy me montre deux petites plumes grises que Tink a perdu l'autre jour avant de s'envoler. Ça et le bouton qu'elle avait arraché de ma chemise.
Puis, M. et Mme YU arrivèrent au pavillon. C'était la première fois qu'ils y venaient.
Ils réalisèrent à cet instant la taille des recherches. Puis ils s'en allèrent.
Avec Joy, nous prenons la moto et nous descendons une fois de plus la route, nous arrêtant pour appeler, parlant à plus de gens, distribuant plus de flyers et posant plus d'affiches.
Nous descendons presque toute la montagne.
Je remarque une petite route dans laquelle je tourne. Elle mène à de nouveaux hameaux et à de nouvelles personnes à renseigner.
Puis, nous tournons dans un autre chemin et à ma grande surprise, nous voilà au bord d'une autre immense vallée.
Je ne peux pas m'arrêter à toutes les maisons. Je laisse mon feeling me guider.
Je m'arrête quand je vois un groupe de gens près d'une assez grande cage. Et là, je vois la plus belle paire de Formose Blue Magpies.
(Le FBM est un oiseau magnifique de la famille des corbeaux. C'est une espèce endémique des montagnes de Taïwan. Il fait environ 65cm dont 40cm de queue.
Sa tête, son cou et sa poitrine sont noirs, ses yeux jaunes, son bec et ses pattes rouges. Le reste de son plumage va d'un riche bleu foncé au violet. Il a aussi des marques blanches sur les ailes et la queue.)
Un des hommes a un appareil photo et essaye de prendre des photos en disant que la lumière est mauvaise et les oiseaux agités et qu'il ne peut pas faire une seule image convenable.
Les FBM sont des oiseaux protégés... mais je voulais l'aide du fermier... et si je pouvais posséder des FBM légalement, je les aurais.
Je montre des photos de Tink au fermier. Il me dit qu'il avait l'habitude de laisser ses FBM dehors en liberté mais qu'après qu'ils aient attaqué deux petits enfants du coin, il avait arrêté.
Joy, avec sa permission, prend de bonnes photos des FBM.
Je lui demande alors la permission de m'approcher. Il me dit qu'ils n'aiment pas les étrangers et qu'ils vont réagir violemment.
Je commence à parler doucement aux oiseaux, leur disant comme je les admire et que je voulais être leur ami.
Alors, lentement, je m'approche. Eux restent calmement posés sur leur perchoir en me regardant avec intérêt.
Après ça, le fermier des FBM est beaucoup plus amical, il me dit que personne ne les a approché d'aussi près sans qu'ils ne paniquent.
Je sentais qu'il était une personne clé, avec une certaine connaissance des oiseaux et donc susceptible d'être tenu au courant de la présence d'un gris dans les parages.
Nous avons parlé de techniques d'entrainement. Je lui expliquai brièvement le principe du clicker training et il fut d'accord pour admettre que c'était quand même mieux que les sévères diètes imposées par le passé pour dresser les oiseaux.
Nous nous sommes quittés dans le respect mutuel.
Il commençait à faire nuit.
30 décembre 2007
Nous sommes repartis très tôt au pavillon.
Les aigles effrayants tournoient toujours au dessus de nos têtes.
A force de tenter d'entendre les cris de Tink, nous commençons à connaitre les chants des oiseaux locaux.
Nous avons appris à reconnaitre bon nombre d'entre eux. Tant leur cris que leur façon de voler.
J'espérais que ce grand nombre d'oiseaux signifiait que les aigles n'étaient pas si rapides que je le craignais.
Je savais que Tink pouvait voler plus vite que ces oiseaux. Son agilité et son habileté en vol pouvaient laisser penser qu'elle avait passé les premiers jours.
En plus de l'appeler, d'écouter, de coller des affiches et de parler aux gens, je m'arrête aux temples pour prier en faveur d'un retour rapide de Tinkerbell.
J'ai prié tous les Dieux dans ces temples pour Tink. J'aurais vendu mon âme au diable pour la retrouver.
Les recherches commencent à devenir abrutissantes. Plus nous couvrons de terrain, plus il y a de terrain à couvrir.
Je décide de descendre dans la vallée de BanTienYen par les petits chemins.
Tandis que je m'arrête pour frapper aux portes, le fait que de plus en plus de gens soient au courant m'encourage un peu.
Nous sommes invités à manger ou à prendre le thé mais nous devons refuser, à regret.
Tous promettent de passer le mot.
C'est une communauté si soudée que personne ne pourrait garder un gris incognito.
Le soir tombait.
Maintenant mon espoir s'épuisait à mesure que le cercle s'agrandissait.
31 décembre 2007
Le dernier jour de cette année là.
Tous mes plans avant que Tink ne s'échappe étaient changés.
Nous avons quitté la maison de YU un peu plus tard dans la journée.
Joy a besoin d'une paire de gants chauds. Nous traversons CHIAYI city quand elle voit un magasin susceptible de vendre des gants.
Pendant qu'elle va chercher ça, je remarque dans la boutique voisine des cages ainsi que des oiseaux et notamment des shamas.
Je descends de ma moto pour aller parler au vendeur visiblement ravi que je m'intéresse à ses oiseaux.
Il a une énorme surprise quand je lui montre des photos de Yingshiong (un des oiseaux de Shanlung dont je vous traduirai peut-être l'histoire :icon_cool: ) volant dans la maison et posé sur moi.
Je lui parle de Tink, lui montre les photos et lui explique combien elle compte pour nous.
Après avoir gagné sa sympathie, il me dit qu'il est un honorable membre de la "bird society" de la région.
Il me dit également que Tink a pu être capturée et revendue à une oisellerie.
Il promet de mettre toutes les oiselleries du coin au courant de l'histoire de Tink et que si un gris était vendu dans les parages, M. YU serait contacté immédiatement.
Nous sommes retournés une énième fois au pavillon, nous sommes repassés aux mêmes endroits clés et à d'autres.
Je devenais quelqu'un de familier pour les habitants.
Ils sentaient que mes efforts étaient futiles tant la zone était vaste et je sentais qu'ils étaient touchés par ce que je tentais.
Il m'était impossible de faire ce que nous avions initialement prévu pour ces vacances. Je devais tout faire pour retrouver Tinkerbell.
En début d'après-midi, j'ai un appel de M. YU. Un étudiant dit avoir vu Tink. Je me sens si léger soudain qu'enfin quelqu'un l'ai vu.
Nous nous rendons jusqu'à la ville de FANLU où se trouve l'école secondaire.
L'étudiant disait avoir vu Tink près de la route principale en direction de BanTienYen, à dix heure le matin même et que quand il était repassé à 15h, Tink était toujours là.
C'est alors qu'il était allé à l'école et avait vu notre affiche.
Si seulement il l'avait vu plus tôt ce matin là.
Joy et moi étions passés plus tôt à cet endroit. Nous ne l'avions pas vu mais nous ne nous attendions pas à la voir et n'avons pas levé la tête pour la chercher à cet endroit précis.
Nous pensions que Tink était au nord de Juchih et BanTienYen était à l'est du pavillon et beaucoup plus bas.
Pendant que nous sommes avec l'étudiant, il nous fait remarquer des pigeons des bois locaux ou de petits oiseaux. Sa crédibilité est en train de faiblir.
Nous nous sommes arrêtés pour appeler Tink, pas de réponse.
Il commençait à se faire tard. C'était le dernier jour de l'année.
Nos amis, à Chiayi, s'inquiétaient pour nous.
J'aurais préféré que YU soit en colère contre moi pour avoir perdu sa Tinkerbell.
J'aurais pu éviter tout ça.
Au lieu de ça YU et sa famille essayaient de nous remonter le moral.
J'aurais voulu que la terre s'ouvre et m'engloutisse.
1er janvier 2008
J'ai une nouvelle énergie ce matin là. Je dois continuer les recherches.
Nous devions aller voir un bon ami de Joy mais les circonstances ayant changé, Joy irait seule et m'excuserait.
Je ne peux ignorer cette soi-disant observation de l'étudiant. Je retourne donc à l'endroit indiqué la veille pour appeler, écouter... et espérer.
Je crains que si Tink est descendue si bas, elle peut aller encore beaucoup plus loin.
J'essaye de ne plus penser à ça. Je parle à toujours plus de gens et colle toujours plus d'affiches.
Puis, je retourne plus au nord. A l'endroit où Tink pourrait être si le jeune homme s'était trompé.
Peut-être Tink m'entend elle et reste silencieuse.
J'avais emmené Tink plusieurs fois près de ces grandes statues de bronze représentant la déesse KuanYin et je pensais que Tink pourrait éventuellement reconnaitre la zone grâce à elles.
Mes appels : "Tinkerbell, viens... viens... viens", couvraient les prières des gens présents, je le regrettais sincèrement sans leur dire.
J'appelais, j'attendais, j'appelais... jusqu'à ce qu'il fasse nuit.
2 janvier 2008
Ma femme et moi retournons à BanTienYen.
Les gens du coin commencent à nous connaitre. Ils nous invitent à nous reposer ou à prendre le thé.
Pour moi, les recherches commencent à se transformer en expiation.
Par ma stupidité et mon ignorance, j'étais arrivé à ce résultat.
Aujourd'hui, je me dis que Tink est peut-être morte. Je me sens comme en pèlerinage dans cet endroit magnifique habité par son âme.
Je veux connaitre les coins et les recoins, les arbres, les oiseaux et les fleurs de ce lieu.
Le matin du 2ème jour des recherches, le 29 décembre, j'ai fait un rêve : je voyais Tink dans son harnais rouge, en haut d'un arbre. Je l'appelais et elle venait directement sur mon épaule me grignoter gentiment l'oreille. Je me souviens m'être réveillé, content, puis rendormi aussitôt.
Un autre rêve a immédiatement suivi : Tink volait vers moi puis planait devant moi, comme suspendue dans les airs. C'était très étrange : la tête était bien celle de Tink mais le corps, à partir du cou, était violet.
La joie ressentie dans le rêve précédent laissa place à une intense tristesse.
C'est alors que je me suis réveillé, ces deux rêves très clairs dans ma mémoire.
Ma tristesse était encore plus grande que celle ressentie lorsque j'avais du quitter Taïwan et Tinkerbell quatre ans plus tôt.
Le soir du 29 décembre, M. YU me dit qu'il allait consulter une médium renommée qui allait contacter l'esprit de la déesse KuanYin.
Cette médium était très respectée pour l'exactitude de ses visions lorsqu'elle était en transe.
Je demandai à être présent.
Quand l'Esprit vint, M. YU témoigna du contexte dans lequel j'avais perdu Tink et demanda si les recherches seraient couronnées de succès.
La médium répondit que mon amour pour Tink était évident mais que "YUEN FEN TSE TAU TSER LI" pour Tinkerbell et moi. Les forces karmiques qui liaient ma vie à celle de Tink avaient pris fin. Je devais me rappeler des moments magiques que nous avions connus ensemble et aller de l'avant.
Je refusai silencieusement d'accepter ça. Je devais faire mon possible pour la retrouver.
Je refusais d'abandonner les recherches à cause des mots de la déesse. Par ma stupidité, j'avais mis Tink dans cette situation.
Pourtant, aujourd'hui, je commençais à accepter que Tink était peut-être morte.
Nous étions dans une des plus belle partie du monde et nous connaissions maintenant cet endroit aussi bien que ceux qui vivaient ici leur vie entière.
Les gens connaissaient mon histoire d'amour avec Tink, ils savaient les visites que je lui rendais année après année après année.
Je sentais que de ces recherches je garderai un souvenir poignant de cette belle région et de ses habitants.
Alors, quelqu'un nous parla d'une femme qui vivait dans un village au pied de BanTienYen et qui possédait une magnifique grise.
Elle l'avait depuis un an. Elle avait entendu parler de nos recherches et vu les affiches.
Elle promit d'en parler à son cercle de connaissances.
Tous ceux que nous rencontrions nous faisaient cette promesse.
3 janvier 2008
Ce n'est pas facile de commencer les recherches ce jour là. Je sais qu'elles vont bientôt prendre fin.
M. YU est désolé. Au lieu d'apprécier nos vacances à Taïwan, nous avons cherché Tinkerbell encore et encore.
Je lui dit que c'est notre souhait, nous ne voulons rien d'autre sinon continuer à la chercher.
C'est notre avant-dernier jour de recherche.
Nous sommes remontés au pavillon. Nous avons appelé, attendu, écouté, puis nous avons bougé et recommencé à appeler...
Nous sommes redescendus jusqu'au pied de la montagne.
Nous avons revu la femme qui possédait la grise. Elle nous présente un vieil homme qui possède également deux gris.
Ses perroquets sont effrayés par tous les étrangers et se jettent au fond de la cage.
Je tente de les calmer en leur parlant doucement et ils acceptent que je marche lentement vers eux.
Le vieux monsieur est très étonné et ravi. Puis nous parlons, de l'exceptionnelle intelligence des gris. Je le renseigne aussi sur le régime alimentaire de Tinkerbell.
Nous ne pouvons pas quitter sa maison sans accepter son invitation à déjeuner.
Ensuite, nous sommes repassés encore et encore dans la zone des temples de BanTienYen jusqu'au pied de la montagne et aussi loin que possible.
Nous repassons devant l'endroit où nous avons vu Tink s'envoler la dernière fois.
Les aigles nous survolent de nouveau. Plus tôt, des villageois nous avaient dit qu'ils étaient six, deux familles d'après eux. Ils faisaient naturellement partie du paysage.
L'après-midi est bien avancée, nous faisons demi-tour.
Nous passons devant la maison du fermiers aux Formosans bleus, il se rue dehors pour nous arrêter.
Je l'aime bien, j'imagine que c'est un salut de courtoisie comme il est peu probable que nous nous revoyons. Je veux aussi lui dire au revoir.
C'est alors qu'il m'explique qu'il était en train de prendre le thé avec un ami, la veille à BanTienYen, et que celui-ci lui a raconté une étrange histoire.
Il nous propose d'aller immédiatement voir cet ami avant de voir qu'il faisait déjà sombre.
Alors, il nous donne la direction, le numéro de téléphone et le nom de son ami. Cela pouvait être un témoignage important même s'il datait de quelques jours.
Nous avons redescendu la montagne dans l'obscurité mais pour la première fois depuis longtemps, la lumière revenait dans nos vies.
4 janvier 2008
Après quelques recherches, nous avons trouvé l'homme qui avait pris le thé avec le fermier aux Formosans bleus.
Il nous confirma ce qu'il avait vu quelques jours plus tôt. Il était dans la maison lorsqu'il avait entendu un vacarme venant du poulailler.
Il regarda alors par la fenêtre et vit ce qu'il pensa d'abord être un gros faucon à la forme bizarre. Il trouva étrange que ce faucon soit descendu si bas dans la vallée car normalement on les voyait plutôt à plus haute altitude, dans la zone du pavillon. Il sortit dans le jardin pour voir le faucon s'envoler.
Je lui montre les photos de Tink, il me dit qu'il n'est pas sûr mais que ce dont il est certain, c'est que la queue de l'oiseau qu'il a vu ce jour là était rouge et... il n'y a pas d'oiseau local ayant une queue rouge dans les montagnes de Taïwan.
Nous avons su, alors, qu'il avait vu Tink. C'était le 31 décembre 2007.
Nous savions maintenant que Tink avait survécu aux trois premiers jours que je considérais comme les plus dangereux.
Du coup, le témoignage de l'étudiant redevenait crédible.
Je me demandais ce qui se serait passé si j'étais passé par là ce jour là et si j'avais su plus tôt que Tink était à BanTienYen.
Je ne sais pas bien lire le chinois et je ne sus que plus tard que le temple de BanTienYen était aussi nommé "le temple du nuage violet".
Nous nous sommes promenés dans les environs, appelant et écoutant.
Je regarde les kakis. Certains sont encore sur les arbres mais la plupart sont par terre.
Un en particulier attire mon attention, avec une grosse marque de morsure en forme de V.
Le rêve que j'avais fait le 29 décembre, deuxième jour des recherches, pouvait m'avoir été envoyé par les Dieux de ce temple.
Le corps de Tink était violet, je n'avais pas su reconnaitre ce signe et ainsi, raté la chance de la retrouver.
C'est là que nos chemins karmiques s'étaient séparés.
Que se serait-il passé si j'avais compris le message des dieux ?
Que se serait-il passé si nous avions quitté le pavillon une minute avant que le camion ne passe ?
Que se serait-il passé si j'avais attaché la ligne de Tink comme je le faisais toujours ?
Que se serait-il passé si Tink avait été sur mon épaule plutôt que sur son perchoir sur le banc du pavillon au moment où le camion est passé ?
Que se serait-il passé si l'étudiant avait vu notre affiche AVANT de voir Tink et pas après ?
Que se serait-il passé si j'avais ignoré la direction prise par Tink lors de son envol pour me concentrer sur la zone de BanTienYen ?
Nous sommes restés là, à l'appeler. Nous sommes partis dans l'après-midi.
Tous les gens du coin avaient entendu parler de nos recherches et souhaitaient nous voir réunis.
J'avais tout mis en œuvre pour que Tink soit rendue à M. YU si elle était retrouvée.
Tinkerbell vit dans une région magnifique remplie de vergers aux fruits variés.
Je savais maintenant que pour Tink et moi, en effet, "Yuen Fen Tse Tan Tser Li" (nos chemins karmiques s'étaient séparés) , j'espérais qu'il n'en était pas de même pour YU.
5 janvier 2008
Ce matin, nous sommes tous allés à TAICHONG pour le mariage du fils ainé de M. HSU, un bon ami.
La-bas, Mme LEOW, la femme d'un fermier, nous dit nous avoir vu à moto non loin de ses vergers et nous avoir entendu appeler Tinkerbell.
Je ne me doutais pas de l'étendue de la zone couverte. Cette femme vivait dans le voisinage de la deuxième ville, au-delà du pied de la montagne du petit pavillon.
6 janvier 2008
J'ai persuadé M. YU d'accepter l'équivalent de 800 dollars en monnaie taïwanaise. Un gris du Gabon coûtait environ ce prix là à Taïwan.
Cet argent servirait au cas où Tink serait retrouvée et vendue à une oisellerie et qu'il faille la racheter.
Si cette somme ne servait pas à la récupérer, elle irait au temple ou n'importe où.
Si on ne retrouvait pas Tink et que YU voit un autre perroquet qui lui plaise, il pourrait aussi l'acheter.
Si Tink était retrouvée beaucoup plus tard, je participais ainsi aux frais engendrés par des recherches supplémentaires.
Après avoir fait encore quelques prières dans un temple, Joy et moi avons pris le TGV pour Taipei. Nous devions y voir un ami américain avec qui je devais discuter d'une éventuelle opportunité pour revenir travailler ici, à Taïwan.
J'ai également rappelé mon nouvel ami qui tenait l'oisellerie où j'avais vu les shamas, afin de lui demander si il avait bien diffusé mon histoire dans les autres oiselleries de CHIAYI. Il me dit qu'il avait non seulement renseigné toutes les boutiques d'oiseaux de CHIAYI mais aussi jusqu'à TOULIU au nord et TAINAN au sud. Il m'assura également qu'il continuerait à leur rappeler mon histoire dans les semaines et les mois à venir.
J'ai aussi tenté de contacter le journal télévisé régional de CHIAYI afin d'augmenter les chances de retrouver Tink mais je suppose qu'ils étaient plus intérressés par les frasque d'un garde du corps présidentiel avec une prostituée ou peut-être les journalistes étaient ils trop occupés à fêter ce début d'année. Toujours est-il que personne ne m'a rappelé.
A leur décharge, j'aurais dû simplement me présenter à leur bureau et raconter mon histoire plutôt que de passer par des intermédiaires, au risque de laisser croire que j'étais juste un homme qui avait acheté un perroquet quelques jours avant et qui venait de le perdre.
Je n'ai pas non plus immédiatement écrit sur les forums internationaux consacrés aux perroquets car aucun de vous n'aurait pu m'aider dans mes recherches même si je sais que beaucoup d'entre vous l'auraient souhaité.
J'aurais espéré retrouver Tink ou bien savoir qu'elle avait été retrouvée et rendue à YU avant d'écrire ces lignes.
9 Janvier 2008
J'ai commencé à écrire ces lignes le 7 Janvier à midi dans un café internet à Taipei, près de la gare et j'ai fini le 9 Janvier à 16h.
Ma femme Joy était avec moi et s'occupait de mettre en ligne toutes les photos et les vidéos de nos péripéties.
Vous pouvez voir sur ces photos l'immensité et la beauté de l'endroit où se trouve Tink.
(photos que vous pouvez voir dans le journal de Shanlung, au début, en cliquant sur le 1er lien qu'il donne puis sur "part 5: tinkerbell, lost and found"
Peut-être devraiS-je retourner à CHIAYI pour continuer les recherches mais j'ai déjà mis en place un large réseau d'yeux et d'oreilles pour la retrouver.
Je sens que ma présence physique à CHIAYI ne serait plus d'une grande utilité... et puis j'ai besoin d'une petite période de récupération après avoir fini d'écrire cela.
Je suis moralement et aussi physiquement épuisé. Même après quelques jours mes muscles me font toujours souffrir, ce qui ne m'aide pas à trouver le sommeil.
Je suis ravagé. Je l'ai perduE. Je me sens si mal pour YU et sa famille et pour tous nos amis de CHIAYI qui l'aimaient.
Et aussi pour vous tous, vous qui suiviez son histoire depuis qu'elle était entrée dans ma vie.
L'histoire de ma Tinkerbell et moi était peut-être trop belle pour durer indéfiniment mais jamais je n'aurais imaginé qu'elle finirait ainsi.
Pour ceux d'entre vous qui me connaissent au travers de forums consacrés aux perroquets, je ne pense pas y revenir avant que Tink ait été retrouvée.
Je pense même ne jamais ré-écrire sur un de ces forums. Je tiendrai simplement mon journal sur ce blog où tous vos commentaires seront appréciés.
A tous mes amis de par le monde : S'il vous plait, ayez une pensée pour le bien-être de Tinkerbell et pour son éventuel retour chez YU.
16 janvier 2008
Hourrah !!! Tinkerbell est de retour dans la famille YU
Je viens juste de recevoir un e-mail de Mei-Mei, la petite fille de YU et je l'ai immédiatement appelé au téléphone.
Merci à tous pour votre soutien.
Tinkerbell a été trouvée par une famille à BanTienYen ce matin. Ils se sont rappelés de nos affiches et de nos cris lorsque nous l'appelions encore et encore.
Ils ont pu joindre YU et cette épouvantable Tink est de retour dans sa famille.
Elle a eu droit exceptionnellement à son plat favori: Des nouilles frites au boeuf (seulement les nouilles)
J'ai bien envie de reprendre un avion immédiatement pour Taïwan, juste pour lui infliger la réprimande du siècle.
La lumière est de retour dans ma vie.
29 janvier 2008
Lorsque j'ai appris son retour dans la famille YU le 16 janvier dernier, j'espérais pouvoir découvrir en détail comment elle avait été retrouvée.
Pourtant, il semblerait que tout ne peut pas être su.
La dernière fois que j'ai parlé au téléphone avec YU, c'était le 25 janvier.
Ce jour là, j'ai aussi fini par joindre mon nouvel ami, dans l'oisellerie duquel j'avais vu les shamas à CHIAYI. Jusqu'à présent, j'étais tombé sur son répondeur et je voulais lui annoncer de vive voix que Tinkerbell avait été retrouvée et le remercier de ses efforts.
J'ai aussi prévenu le propriétaire du magasin d'articles de pêche qui connaissait Tink depuis longtemps.
Ils ont tous été enchantés de cette nouvelle et je leur ai dit que la prochaine fois que je viendrai à CHIAYI, je viendrai les voir avec Tink.
Maintenant qu'elle est rentrée, nous avons décidé avec YU de ce qu'il fallait surtout ne plus jamais faire bien que je ne pense pas qu'il puisse lui arriver la même chose qu'à moi. J'adore ces montagnes et ces forêts et je les connais plus que lui bien qu'il ait vécu toute sa vie à CHIAYI. Il ne connaissait même pas l'existence du petit pavillon avant que je ne l'y emmène. Il ne serait jamais venu avec Tink dans ce genre d'endroit.
J'ai mis les gens en garde tellement de fois : il faut toujours attacher la ligne reliée au harnais à sa ceinture ou ailleurs... et je n'ai pas jugé utile d'appliquer moi-même cette règle de sécurité primordiale alors que je savais depuis le matin de ce jour là que Tink pouvait voler malgré le poids de la bobine et du bambou auquel celle-ci était attachée.
Ce bambou servait aussi de "perchoir de voyage". Quand nous nous promenions à pied, la ligne était toujours attachée à ma ceinture mais lorsque nous nous arrêtions un moment, la bobine/perchoir était simplement posée sur la table afin que Tink puisse s'y percher.
Nous savons maintenant qu'il ne faut pas le refaire et au cas où le bambou servirait de perchoir, un sac de 2kg y serait dorénavant attaché.
Et... Oui ! Dans le futur, Tink continuera à être sortie par la famille YU avec son harnais et sa laisse.
Maintenant, remontons le temps jusqu'au soir du 16 janvier.
Il m'est impossible de décrire ce que je ressentais avant qu'elle ne revienne. La profondeur du désespoir et l'affreux sentiment de solitude, la douleur lancinante et l'angoisse que je pensais pourtant ne jamais pouvoir oublier. Ce qui est sûr c'est que je ne souhaite ça à personne, pas même à mon pire ennemi.
Lorsque nous sommes rentrés à Brisbane, je savais que je ne pourrai pas aller travailler ce lundi 15 janvier, je les ai appelés pour leur dire que j'étais malade. C'était une maladie de l'âme. J'ai passé deux jours à la maison, sans que rien de ce que j'aimais auparavant ne vienne adoucir ma peine.
Je savais que YU m'avait pardonné depuis le premier jour mon impardonnable erreur. Lui et tous mes amis essayaient en vain de me remonter le moral.
Après avoir écrit l'histoire de la perte de Tink, j'avais le cœur tellement gros. Je n'avais pas réalisé que vous m'aviez vous aussi pardonné et que vous espériez simplement son retour.
Je vous remercie pour tous vos messages réconfortants pendant ces moments de désespoir. J'étais complètement à vif et incapable de me pardonner moi-même.
Puis, ce soir du 16 janvier, j'ai reçu le mail de MeiMei, la petite fille de YU. J'ai cliqué dessus.
Je parle couramment le chinois mais je ne le lis que très mal. Je connaissais cependant assez de "mots-clé" en chinois pour comprendre que c'était une bonne nouvelle. Son "YAA" résonne encore dans ma tête.
Ce mail de MeiMei que je ne pouvais pourtant pas comprendre exactement, m'a guéri instantanément.
Ce fut alors à mon tour de hurler à ma femme de venir immédiatement.
Je lui ai fait lire, lire et relire le message afin de savourer encore et encore la nouvelle.
Son mail commençait ainsi : "Je viens t'annoncer une belle surprise. Ce matin, maman est allée à MIAOLI (une ville à 200km au nord de CHIAYI) pour prier pour le retour de Tink. C'est là-bas qu'elle a reçu un appel d'une dame lui disant qu'un oiseau qui ressemblait à Tink avait été trouvé à BanTienYen."
Elle finissait en disant que Tink était rentrée à la maison et que mon cœur pouvait être en paix vu que les dieux avaient cessé leur mauvaise plaisanterie.
J'avais pris 10 ans pendant la fugue de Tink, le mail de MeiMei m'en a repris 9.
J'ai alors appelé YU pour entendre la nouvelle de sa bouche. Je ne devais pas être très cohérent dans mes propos mais j'étais de nouveau en paix avec moi-même et amoureux de la vie.
Ensuite, j'ai écrit une petite note pour vous prévenir, vous tous à travers le monde qui attendiez son retour...
30 janvier 2008
Je n'ai quasiment pas pu dormir pendant la nuit suivant la nouvelle, des vagues de joie irrationnelle me submergeaient.
J'avais eu si peur que Tink descende de plus en plus bas, bien en dessous de BanTienYen, vers les vastes plaines, hors d'atteinte du réseau d'yeux et d'oreilles que j'avais mis en place.
Depuis que Tink avait été retrouvée je ne pouvais m'empêcher de penser que nous avions perdu du temps en allant la chercher jusqu'à JUCHIH.
La seule rencontre utile faite là-bas fut celle du fermier aux pies bleus de Formosan (Formosan blue magpies) dont l'ami avait donné le premier témoignage crédible indiquant que Tink était toujours en vie après les premiers jours passés dehors.
J'ai rappelé YU le lendemain de la bonne nouvelle pour avoir le numéro de téléphone de la dame (Mme C) qui l'avait appelé afin de la remercier personnellement.
Je voulais aussi connaitre tous les détails du retour de Tink.
Il y a 2h de décalage horaire entre Taïwan et Brisbane. Je pensais qu'il fallait mieux que j'appelle le soir et YU devait appeler Mme C avant, pour la prévenir de mon appel.
Mme C me dit qu'elle vivait actuellement dans le hameau de TAOYUAN, dans le district de JUCHIH.
Elle était venue le 16 janvier au matin rendre visite à son ancien patron et ami à BanTienYen. C'est chez lui qu'elle avait vu Tink dans une cage.
Tink avait été vue en train d'essayer de manger la nourriture des poule de son ami et comme ils avaient un chien, ils ont eu peur pour la sécurité de Tink et l'ont rentrée et mis dans une cage.
Mme C a reconnu Tink qu'elle avait vue sur une affiche que son grand-père lui avait donnée fin décembre.
Après en avoir discuté avec son ami, Mme C avait appelé YU.
Il y avait beaucoup de questions sans réponse, à commencer par celle-ci : comment l'avaient ils attrapée ? Mme C ne le savait pas.
En fait, notre passage à JUCHIH n'avait pas été vain comme je me l'étais imaginé.
Je me souviens de ce vieil homme, près de JUCHIH, qui se promenait. Je l'avais approché pour lui raconter mon histoire et lui donner une affiche qu'il avait pris sans un mot avant de tourner les talons.
Après tous les gens que nous avions rencontrés et à qui nous avions parlé, c'était ce vieil homme silencieux, dans une zone éloignée, qui était à l'origine du retour de Tink.
MeiMei m'a renvoyé un mail pour me dire que Tink était redevenue elle même. Elle était effrayée et distante pendant les deux premiers jours suivants son retour.
J'ai encore rappelé YU pour essayer d'en savoir plus.
Tout ce qu'il savait c'est que lorsque Tink avait été rattrapée, elle portait toujours son harnais rouge. Cette famille l'avait emmenée le jour même chez un véto de CHIAYI qui l'avait coupé afin de lui enlever. (J'ai eu un choc en m'apercevant que je n'avais pas contacté les vétérinaires de CHIAYI pendant les recherches.)
Quelque-chose d'autre me tracassait. La ligne avait été coupée très près du harnais et Tink aurait du pouvoir se débarrasser facilement de celui-ci, ce qu'elle n'avait pas fait.
J'essayai d'avoir le numéro de téléphone de la famille qui avait retrouvée Tink afin d'avoir plus de détails mais à cette époque, le jour de l'an chinois approchait à grands pas et YU m'avisa que ce n'était peut-être pas très approprié de les appeler.
Tink était de retour et c'était l'essentiel.
Je pensais que Tinkerbell avait été retrouvée dans un village près de BanTienYen ou près du temple, je fus surpris d'apprendre qu'elle avait été trouvée dans un endroit très proche du petit pavillon où tout avait commencé.
Soit elle ne s'était pas éloignée de cette zone, soit elle y était revenue malgré les rapaces.
Peut-être espérait elle aussi me retrouver.
Je vais retourner à Taïwan, je remercierai Mme C à nouveau et j'irai voir cette famille pour les remercier également et peut-être, connaitre enfin tous les détails.
Samedi 12 avril 2008
Lorsque nous avons atterri, c'était une matinée typique de Taipei. Le ciel était gris et la pluie tombait.
Il faut vraiment aimer Taïwan pour supporter ce genre de temps.
Nous avons pris un taxi de l'aéroport à la gare principale de Taipei, puis nous sommes montés dans le TGV pour CHIAYI juste avant midi.
YU et sa famille sont venus nous chercher à la gare en voiture.
C'était une joie de les voir et pendant que je les embrassais, je voyais au loin Tinkerbell onduler sur son perchoir dans la voiture.
Elle portait un harnais violet fabriqué par YU car l'ancien avait été coupé lors de son sauvetage.
YU nous emmena tous dans un restaurant de nouilles.
Je pris Tink sur mon épaule pour faire une photo de nous deux enfin réunis et des enfants.
C'était si bon d'être de nouveau à CHIAYI avec nos amis.
Le retour de Tink avait permit cela. Je n'aurais jamais été capable de revenir à Taïwan si Tink ne nous avait pas été rendue.
Plus tard, dans l'après-midi, YU avait prévu d'emmener ses enfants à un festival local. Nous y sommes allés ensemble avec Tink.
Puis, dans la soirée, nous sommes tous allés au karaoké de M. SHI avec encore d'autres amis.
Il y avait de délicieuses spécialités taïwanaises, du thé et pas mal de picole afin que nous chantions de notre mieux.
Cette soirée de karaoké fut infiniment plus joyeuse que la dernière que nous avions faite alors que Tink manquait à l'appel.
Dimanche 13 avril 2008
C'est aujourd'hui que nous devons rencontrer Mme C et sa famille qui furent l'instrument du retour de Tink parmi nous.
Ce sont des fermiers bio vivants près du hameau de TaoYuan dans le district de JUCHIH.
Bien sur, Tink était du voyage avec nous tous dans la voiture de YU.
Sur la route, nous nous sommes arrêtés à un Temple afin de remercier les dieux pour le retour de Tink saine et sauve. Puis, nous avons repris la route tortueuse de JUCHIH.
Pendant les recherches, Tink me manquait tellement que la beauté de cet endroit en devenait douloureuse. Je l'avais imprimée dans mon cœur comme un hommage à Tink que je pensais ne plus revoir. Je pensais d'ailleurs ne jamais revenir ici.
La beauté du lieu sans la peur induite par l'étendue des recherches était encore plus frappante.
YU tourna dans une route que nous avions prise pendant nos recherches, puis il pris une autre route secondaire et, enfin, un petit chemin qui menait à la ferme de la famille C.
Lorsque Mme C nous salua, je la remerciai du fond du coeur.
Je lui montrai les photos de tous les voyages que nous avions fait avec Tink à travers Taïwan.
Je fis un peu voler Tink pour lui montrer le genre de relation que nous entretenions. Elle ne l'avait jamais vue voler puisqu'elle était restée en cage en attendant d'être rendue à YU.
Mme C me dit que les remerciements devraient aller à son ancien patron et ami qui avait secouru Tink.
Ensuite, elle nous a fait visiter la ferme de vergers bio. J'étais embarrassé qu'elle insiste pour nous donner plein de fruits et de légumes même si je savais que nous devions les accepter comme une marque de cette générosité qui caractérise les taïwanais.
Puis, la famille C prit sa voiture pour nous guider à l'endroit où Tink avait été retrouvée.
Nous avons traversé BanTienYen jusqu'à un lieu qui se trouvait juste en-dessous du pavillon où nous avions perdu Tink.
Sur la route, je cherchais des yeux les affiches que nous avions collées à l'époque des recherches mais je ne réussis à en voir aucune depuis la voiture.
L'endroit s'appelait "TseYun SanChuang" soit "la villa du nuage violet". J'étais déjà venu ici et j'avais cru qu'il s"agissait d'une sorte de village-vacances avec un grand portail en fer et à l'intérieur de l'enceinte, plein de petits chalets individuels. J'avais laissé une affiche à l'entrée que je pensais être la réception.
Je n'avais pas réalisé que cet endroit était en fait un ensemble résidentiel fermé comprenant plein de maisons individuelles. Sinon, je serais rentré et j'aurais raconté mon histoire à chaque famille.
La maison où Tink avait été secourue portait le nom de "petite maison de bois" mais à la place du petit cabanon auquel on pouvait s'attendre d'après cette humble appellation, se dressait une magnifique demeure, à flanc de montagne, de laquelle on avait une vue spectaculaire sur le Temple, plus bas et jusqu'à CHIAYI.
C'était la maison de campagne de la famille CHIANG. Ils n'étaient pas là ce jour la, nous n'avons donc pas pu les remercier.
Nous sommes ensuite redescendus en ville, où les familles SHI et WU, de vieux amis, nous rejoignirent pour déjeuner. J'eus enfin le plaisir de leur payer ce repas.
Après manger, la famille C nous quitta.
Après, nous sommes allés chez les LEOW, une ferme plus haut dans la montagne, derrière le restaurant.
Du thé, des fruits, quelques spécialités locales et du vin nous furent offerts dans le jardin.
C'est le genre d'hospitalité qui m'a tellement manqué quand j'ai quitté Taïwan. Les voisins et amis entraient et sortaient comme bon leur semblait.
Je fus enchanté que Mme C vienne nous rejoindre plus tard dans la journée. Sa ferme était à 1km à peine.
Grâce à Tink, nous rencontrions un nombre incroyable de gens admirables.
Lundi 14 avril 2008
Ce matin, Tink et moi sommes repartis à BanTienYen sur la petite moto.
Il restait des gens que je tenais à remercier pour leur aide.
Nous nous sommes arrêtés dans les écoles et chez la dame qui possédait le gris ainsi que chez ce couple de personnes âgées qui en possédait également deux.
Ils furent enchantés de nous voir, Tink portait son nouveau harnais.
Pendant que nous montions la route vers BanTienYen, je fus surpris de voir pas mal de nos affiches toujours en place alors que nous ne les avions pas remarquées la veille alors même que nous cherchions à les voir de la fenêtre de la voiture. J'avais alors pensé que depuis quatre mois, la pluie, le vent et le soleil les avaient décollées.
J'ai conduit doucement jusqu'au pavillon.
Vous comprendrez que nous ne nous y soyons pas arrêtés, après avoir quand même constaté que l'affiche n'y était plus.
J'ai ensuite conduit jusqu'à JUCHIH, m'arrêtant ici et là pour enlever les affiches qui restaient.
Puis, nous sommes arrivés chez le fermier qui possédait les pies bleues de Formosan. Il avait été le premier à me faire part du témoignage d'un de ses amis qui avait vu Tink alors que j'avais perdu tout espoir. Il fut heureux de rencontrer Tink et de la voir répondre à quelques rappels.
Nous sommes restés chez lui un moment, le temps de déguster son excellent thé et de saluer ses oiseaux.
Nous sommes ensuite redescendus à CHIAYI pour dire bonjour à M. TSAI (qui avait prévenu toutes les oiselleries) et pour le remercier en présence de Tink.
Il m'appprit que j'étais chanceux de le trouver là car il revenait juste d'une compétition de body-building, à l'autre bout de Taïwan, où il officiait en temps que juge et repartait bientôt en juger d'autres.
Puis, comme il fallait que je refasse un harnais à Tink, nous avons acheté l'épais lacet nécessaire à sa confection et nous sommes allés dans cette boutique d'articles de pêche, acheter les autres éléments dont j'avais besoin et bien sur, saluer et remercier M. CHEW, le propriétaire.
Il nous connaissait depuis environ sept ans, lorsque j'avais acheté pour la première fois des mètres de ligne pour Tink.
La dernière fois que je l'avais vu, c'était en Décembre 2007, le jour où je tentais de faire descendre Tink de son arbre. Bien sur, je l'avais déjà appelé d'Australie pour lui apprendre la bonne nouvelle.
Il fut ravi de me voir avec Tink sur l'épaule. Puis, son visage changea d'expression lorsqu'il vit la bobine/moulinet/perche que j'avais fait pour Tink. Il ne pouvait pas supporter que j'utilise un truc pareil pour sortir un magnifique oiseau comme elle.
Il insista pour en fabriquer une lui même, beaucoup plus professionnelle, pratique et esthétique... Et il l'offrit à Tink comme cadeau de retour.
Il me dit que lui possédait les outils, le matériel et le savoir dont je ne disposais visiblement pas.
Il installa un véritable système de sécurité pour arrêter la ligne et éviter qu'elle ne se débloque en tombant malencontreusement, par exemple...
Il construisit minutieusement ce qui finit par ressembler à une œuvre d'art.
Mardi 15 avril 2008
Nous nous sommes levés assez tôt. Enfin... rien à voir avec les quatre heure du matin, heure à laquelle le réveil sonnait lorsque nous cherchions Tink.
Joy et moi devions rejoindre Mme C à 8h30 afin qu'elle nous présente la famille CHIANG.
Nous nous sommes arrêtés pour prendre un petit déjeûner. Les gens nous demandaient parfois s'il s'agissait de la même Tinkerbell qu'ils avaient vue sur les affiches. Ils étaient contents de la voir avec nous.
Nous nous sommes ensuite rendus à BanTienYen où Mme C nous attendait dans sa voiture. Nous devions la suivre en moto.
Les CHIANG nous accueillirent dans leur belle maison collée à la montagne.
Ils étaient assez âgés, très distingués et vivaient là la plupart du temps, avec leur golden retriever.
M. CHIANG était un industriel en agro-alimentaire. Ses fils ayant repris le business, sa femme et lui consacraient leur temps en œuvres de charité, jardinaient, venaient se reposer et méditer dans leur maison qui surplombait le Temple de BanTienYen, au creux de ces montagnes.
Je leur racontai toute l'histoire de Tink depuis notre rencontre et leur montrai plein de photos.
Puis, M. CHIANG nous raconta ce qui était arrivé.
Ils avaient gardé Tink environ dix jours avant de la rendre à YU.
Ce jour-là, aux alentours du 6 janvier, M. CHIANG travaillait dans le jardin lorsqu'il remarqua Tink pour la première fois. Elle était perchée à une distance respectable. Il pensa que c'était un oiseau local car beaucoup d'oiseaux fréquentaient son jardin. Il n'y fit pas plus attention.
Le lendemain matin, à son réveil, l'oiseau était dans son patio, perché sur la grille de l'entrée principale. Son chien lui aboyait après. C'est alors qu'il s'aperçut que Tink portait une sorte de harnais duquel pendait une très courte laisse. Il su alors qu'il ne s'agissait pas d'un oiseau sauvage comme il l'avait cru.
Lorsqu'il s'approcha, elle sauta sur son bras.
Il commença par attacher une autre ligne au harnais et la laissa dehors. Plus tard, dans la journée, il emmena Tink chez le vétérinaire qui coupa le harnais et il acheta une cage pour la mettre dedans.
Il laissait la cage dans le patio la journée et la rentrait pour la nuit.
Il lui acheta également de la nourriture pour perroquet. Elle mangea, mangea et mangea encore. Elle mangea tant le premer jour que sa femme et lui furent même inquiets.
M. CHIANG s'excusa du délais qui avait précédé le retour de Tink chez YU mais ils n'avaient jamais vu l'affiche la concernant.
Je pouvais facilement comprendre ça. Lorsque nous étions montés, l'autre jour, en voiture, ni Joy ni moi n'avions réussi à les voir bien que nous les cherchions ds yeux. Nous ne les avions vues que lorsque nous étions remontés, plus lentement, en moto.
Ce ne fut que lorsque Mme C leur rendit visite et leur parla d'une affiche qu'elle avait conservée, recherchent un oiseau apprivoisé, que les CHIANG surent que cet oiseau était attendu.
Mme CHIANG nous raconta comment elle avait eu le cœur brisé lorsqu'elle avait perdu son chien quelques années plus tôt. Elle ne pouvait pas rester indifférente à la douleur causée par la perte d'un compagnon.
Durant ces quelques jours pendant lesquels ils avaient gardée Tink, ils avaient eu le temps de s'y attacher mais ils n'ont pas hésité et ont demandé à Mme C de contacter immédiatement la famille YU et de leur ramener Tink.
M. CHIANG m'avoua même qu'après cette expérience, il avait pensé à prendre un perroquet. Je lui dis que tout ce que je savais était à sa disposition et que je serais heureux de lui servir de guide.
Je lui dis qu'il lui faudrait réellement "se mettre en quête" de ce perroquet et que s'il le trouvait, il saurait dans son cœur que c'était celui-la.
La matinée passa très vite.
Nous sommes ensuite tous redescendus à BanTienYen où M. CHIANG nous offrit à diner et nous nous sommes dit au revoir.
Tink avait le don pour réunir des gens merveilleux.
Ensuite, nous avons ramenée Tink chez YU.
Moi, je suis allé écrire ces lignes dans un café internet. Je n'avais pas beaucoup de temps car j'avais promis d'aider les petits enfants de YU avec leurs devoirs d'anglais.
Mercredi 16 avril
Profiter de mes vieux amis, ici à Taïwan et trinquer avec eux au retour de Tink, me laisse peu de temps pour écrire.
Je dois aussi finaliser certains détails concernant mon nouveau poste à Dubaï.
Parmi ces détails, il est prévu que je prenne un vol jusqu'à Singapour le 30 avril, puis le 2 mai un autre avion m'emmènera jusqu'à Dubaï où il est prévu que je commence ce nouveau travail le 4.
Bref, comme je l'expliquais plus haut, j'avais l'intention de fabriquer quatre nouveaux harnais pour Tink. Je n'avais jamais eu aucun mal à lui mettre son harnais.
Je m'approchai donc d'elle avec le premier harnais en cours de fabrication. Elle vola jusqu'à son perchoir, prête à passer la tête dans la boucle prévue à cet effet.
Elle savait très bien que le harnais signifiait : partir en ballade avec nous.
En fabricant ce nouveau harnais, j'avais l'intention de faire la boucle pour la tête un peu plus large que sur l'ancien.
Je pensai que le meilleur moyen qu'il soit exactement ajusté à sa taille, était de lui essayer.
Je lui enfilai donc et ajustai la boucle pour la tête ainsi que celle pour le corps.
Je dus lui remettre plusieurs fois afin d'affiner mes réglages mais plus je l'appelais, moins elle était disposée à venir. Avec de la patience, elle finit par accepter et les derniers réglages furent faits.
Ensuite, je confectionnai les trois autres harnais sur la base de celui-ci.
Puis je la rappelai une dernière fois pour lui essayer un de ces trois harnais afin de vérifier qu'ils étaient bien à sa taille.
Seulement cette fois-ci, elle n'était plus du tout disposée à venir. Je la poursuivais en marchant calmement derrière elle, à travers la pièce jusqu'à ce que je réussisse enfin à l'attraper pour lui essayer ce dernier harnais qui s'avéra lui aller parfaitement. Je lui enlevai sans soucis.
Plus tard dans la matinée, le temps s'étant découvert, je me dis que nous pourrions aller nous promener au parc de CHIAYI.
J'appelai donc Tink en tenant dans ma main un des nouveaux harnais. Mais là, le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle n'était vraiment pas enthousiasmée à l'idée de me rejoindre. Elle volait à travers la pièce, se posant sur tous les endroits hors d'atteinte.
Le temps passait sans qu'elle ne fasse mine de se laisser attraper.
Je cherchai donc quel intelligent stratagème employer.
Je posai le harnais que je tenais bien en vue sur la table puis je dis à Tink que je n'avais plus de harnais en lui montrant mes deux mains vides.
Puis, je l'appelai comme si je voulais lui faire un câlin.
Elle m'observa un instant, vint se poser sur son perchoir et courba la tête.
J'avais un autre harnais planqué dans la poche de mon pantalon. J'approchai ma main comme pour la caresser mais au lieu de ça, je posai ma main sur elle pour l'empêcher de s'envoler et de l'autre main, j'extirpai le harnais de ma poche.
Elle poussa quelques cris de protestation mais le harnais fut mis rapidement, ce qui atténua un peu mon sentiment de culpabilité.
Enfin, nous sortîmes faire une promenade.
Je venais de commettre une grave erreur mais je ne le réaliserai qu'après les événements à venir.
Je ne me suis pas préoccupé tout de suite de cet incident car je savais qu'elle était très bien apprivoisée et éduquée et qu'elle répondait parfaitement au rappel depuis longtemps.
Les deux jours suivants, comme il pleuvait, nous ne sommes pas sortis et je n'ai donc pas eu à remettre son harnais à Tink...
Vendredi 18 avril, au soir
Comme je l'ai mentionné, la journée avait été en grande partie pluvieuse.
Le soir, YU nous a invités à diner avec d'autres amis. Son frère et sa sœur ainsi que les SHI et les WU étaient là.
Les femmes étaient dans la cuisine (ben voyons :sm: ), en train de préparer un bon gueuleton et les enfants faisaient un joyeux tintamarre.
Les allers et venues ainsi que l'ambiance chaleureuse qui se dégageaient de cet endroit étaient autant de facteurs pour lesquels j'aimais tant Taïwan et ses habitants.
Pour accompagner ce diner, YU avait sorti cette bouteille de Kaoling, une liqueur transparente comme du cristal, à l'air inoffensif.
De grands verres à Brandy furent remplis aux 3/4 et l'un d'entre eux se retrouva dans ma main. On sortit les glaçons.
A cet instant, j'aurais dû me méfier.
Les glaçons tombèrent au fond des verres comme des pierres. Je remuai mon verre, pensant que, peut-être, le mouvement combiné à la forme du verre piègeraient la glace au fond. Ce ne fut pas le cas. J'ajoutai plus de glaçons.
Je pris une petite gorgée et j'avalai le feu. Des toasts furent portés haut et fort, invitant d'office la gorgée suivante.
Généralement, avec trop de bière ou de scotch, une petite ballade à l'air frais suffisait à me remettre. Je sortis donc un moment et marchai... marchai encore et encore sans pouvoir récupérer.
Eux, étaient passés au vin et à la bière.
Je fus forcé de m'excuser et allai me coucher.
Samedi 19 avril
C'était une matinée magnifique et je devais malheureusement aller chez le dentiste (en plus de la cuite :icon_mrgreen: ).
Tink resta donc à la maison.
Après qu'une nouvelle dent de devant en haut à gauche m'eut été replacée, me permettant de sourire à nouveau aux jolies filles, Joy et moi sommes allés déjeuner avant de rentrer chez YU.
J'appris que nous étions tous invités chez les HSU où un autre diner nous attendait et un karaoké était prévu.
Il ne restait pas beaucoup de temps pour sortir Tink mais il faisait encore beau et après les deux derniers jours maussades, j'avais envie d'aller me promener avec Tink dans le voisinage et de faire quelques rappels.
Quand je l'appelai pour lui mettre le harnais, elle refusa de venir. Je m'approchai d'elle mais elle s'envola pour se mettre hors d'atteinte.
J'essayai pendant environ un quart d'heure de la faire venir, sans succès.
Je me dis qu'elle avait du prendre cette mauvaise habitude et que j'allais trouver un moyen de l'atteindre.
Je finis par la prendre par surprise et par lui mettre le harnais à grand renfort de cris.
Une fois le harnais mis, elle était très calme. Je me dis alors qu'elle jouait surement à un petit jeu avec moi.
Je sortis avec elle dans son nouveau harnais bien ajusté et sa belle bobine/moulinet bloquant/perche.
J'étais fier d'elle.
Nous sommes allés dans un champ à environ 200m de là. Elle fit de très beaux rappels. La bobine de 50m de ligne était vraiment bien adaptée.
Je ne faisais plus de rappels de 60/70m comme avant. Je savais que YU était déjà plus que content avec des rappels de 10m.
On commença par un petit rappel de 5m duquel elle fut remerciée par une graine de tournesol.
Le plus long fut un rappel d'environ 20m, elle étant posée sous un hangar abandonné et moi dehors.
Puis nous sommes rentrés.
Depuis son retour, aucun de nous n'était très enthousiaste à l'idée de la sortir avec nous le soir. Nous savions que les karaokés finissaient toujours très tard, Tink fut donc remise dans sa pièce.
La maison de YU est composée de trois niveaux. Au rez de chaussée le salon, salle à manger, cuisine et la chambre de YU, au premier étage la chambre et le bureau des enfants ainsi que la pièce de Tink faisant front à l'escalier menant au deuxième étage qui était l'endroit où nous dormions.
Chez les HSU, nous eûmes encore droit à un délicieux diner.
Je sentais encore un peu le Kaoliang de la nuit dernière et je bus prudemment un verre de bière afin de pouvoir assurer le karaoké.
Nous sommes rentrés tard et en passant devant la pièce de Tink, j'ouvris la porte pour voir si elle dormait. Je fus surpris de ne pas la voir à l'endroit où elle avait l'habitude de passer la nuit. Puis, je la vis perchée sur le bord de la fenêtre, regardant vers le parking, comme si elle attendait que nous rentrions.
Je lui demandai doucement si elle voulait des grattouilles, elle pencha la tête et eut ses grattouilles.
Je redescendis dans sa chambre un peu plus tard et fus heureux de la voir dormir dans ses quartiers habituels.
Dimanche 20 avril 2008
Aujourd'hui est un jour très important pour les habitants du sud de Taïwan. C'est le quinzième jour de la troisième lune de l'année.
Les divinités de chaque maison sont emmenées au temple de Kangkou pour être ré-énergisées par Ma-Tsu, déesse de la miséricorde.
Il y aurait une énorme foule de gens ainsi que des pétards (pas ceux-la, hein... :join: ), des percussions et des instruments de cérémonie.
Ce n'était vraiment pas un endroit adéquat où emmener Tink.
Je lui expliquai ça en la remettant dans sa pièce.
Nous montâmes tous dans la voiture de YU. Je pouvais voir Tink nous regarder partir du bord de sa fenêtre.
Nous sommes allés chercher d'autres personnes et avons pris la route du temple. C'était la première fois que j'allais là-bas. J'étais déjà passé par grand nombre de temples beaucoup plus grands mais le temple de Kangkou, bien que beaucoup plus petit et moins élaboré était le plus important. Je pensai que c'était sans doute du au fait qu'il avait été construit il y a plus de 500 ans, par les premiers immigrants chinois à Taïwan.
La foule était impressionnante et le bruit incroyable.
Nous sommes rentrés à la maison dans l'après-midi.
Je rentrai dans la pièce de Tink et trouvai un bazar innommable à la place de la pièce ordonnée que je connaissais.
Elle avait déchiqueté les journaux posés au pied de son perchoir. Tout était retourné et trainait par terre. Sa boite de nourriture était renversée sur le sol.
Je n'avais jamais vu un tel désordre.
Tink me regardait d'un air penaud du haut de son placard.
J'appelai Joy et YU qui arrivèrent immédiatement pour voir le résultat de cette crise de nerfs.
Nous étions tous désolés pour Tink. Nous l'avions laissée seule la nuit dernière et étions tous partis ce matin.
Nous ne ressentions que de la tendresse pour cette boule de plumes.
Elle eut les caresses qu'elle aimait sur la tête et sur le bec pendant que nous remettions la pièce en ordre.
Elle eut également droit à des excuses et des explications de nous tous, aussi bien anglais qu'en chinois.
Dimanche 20 avril (suite)
Il y avait quelque chose de si inhabituel dans son comportement, que je ne parvenais pas à comprendre.
Je fus également frappé du fait que Tink n'accepte plus que rarement des câlins et des caresses de ma part et de celle de YU, avant le soir.
Pendant la journée, elle retirait souvent sa tête quand nous essayions de la caresser, alors que jusqu'à présent, elle penchait souvent sa tête pour réclamer des grattouilles, aussi bien de notre part que de celle de nos femmes.
Je pensais qu'il fallait que nous sortions tous avec elle aujourd'hui.
Je dis à YU que j'allais lui mettre le harnais et il quitta la pièce.
Lorsque je pris le harnais, Tink alla se poser en hauteur, sur un panier posé sur sa bibliothèque. Je pris le panier et elle s'en fut se percher aussitôt sur un autre endroit hors d'atteinte.
Cela commençait à vraiment m'embarrasser de la poursuivre ainsi alors qu'elle refusait visiblement d'être attrapée.
A quelques occasions, elle se percha sur ma main pour s'envoler quelques secondes plus tard.
Je capitulai et m'en fut expliquer mon problème à YU.
Il entra dans la pièce et demanda à Tink de monter sur sa main, puis sur son épaule. Il prit le harnais sans qu'elle ne s'envole. Il l'emmena ensuite dans une pièce sombre et lui passa le harnais.
Lorsqu'elle portait son harnais, Tink devenait complètement différente, même quand la ligne n'y était pas encore attachée.
Je compris soudain que le fait de lui avoir mis et enlevé le harnais plusieurs fois afin de lui ajuster, l'autre jour, l'avait vraisemblablement considérablement agacé. Elle avait toujours été habituée à sortir immédiatement après avoir été harnachée.
Je ne pensais plus qu'à attacher cette ligne afin d'être prêts à sortir pour prendre la voiture de YU.
Nous avons pris la cage de transport.
Nous allions au temple que fréquentait YU où il y avait un rassemblement suivi d'un diner.
Nous conduisîmes jusqu'au lac RENY. Il y avait de petits snacks au bord de la route où nous nous sommes arrêtés pour manger un bout.
Nous savions tous, bien entendu, que trop de nourriture humaine n'était pas bonne pour Tink mais elle nous avait fait culpabiliser.
Elle nous avait attendus toute la nuit dernière, perchée sur sa fenêtre jusqu'à notre retour.
Le lendemain matin nous étions tous partis en la laissant seule à nouveau, ce qui avait provoqué chez elle une colère royale.
Généralement, les YU l'emmenaient avec eux à leur travail mais même lorsqu'ils ne l'emmenaient pas, elle n'avait jamais piqué ce genre de crise.
Nous en avons donc déduit que le fait de partir tous sans elle ce matin la, était la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase.
Nous avons partagé avec elle notre salade, carottes et maïs et elle eut même droit à un petit bout de sa saucisse préférée.
Puis, je la sortis pour lui faire faire quelques rappels.
En matière de vol, il semblerait que je sois celui qu'elle préfère.
Un heure plus tard nous sommes repartis pour le temple.
Une fois arrivés, Joy et moi sommes allés nous promener avec Tink dans les petites rues derrière le temple et je lui ai fais faire d'autres vols.
Tink était plus affectueuse. Elle me mordillait gentiment l'oreille et me mâchonnait des mèches de cheveux entre deux vols.
Nous avions parlé avec Joy d'une de ses vieilles amies qui vivait près d'ici. Nous ne l'avions pas vue depuis quatre ans. Depuis, l'endroit avait changé et nous n'étions même pas surs de retrouver sa maison.
Nous avons pris une rue et nous sommes retrouvés devant une impressionnante collection de cactus. Une charmante dame octogénaire était en train d'en prendre soin. Elle était aussi fascinée par ma Tinkerbell que je l'étais par ses cactus. Elle devait en avoir au moins 200 de 70 sortes différentes.
La majeure partie de ses cactus étaient en dehors de son jardin et je me demandais combien de temps ces cactus seraient restés là, sans surveillance, dans la plupart des autres parties du monde que je connaissais.
Alors que nous étions tout deux perdus dans une admiration réciproque, un homme s'approcha de Joy et lui dit que sa fille avait vu Tink et nous avait reconnus.
Il se trouvait que l'amie de ma femme et son mari étaient voisins de cette charmante vieille dame.
Le temps passait et nous devions retourner au temple.
Les WU et les HSU étaient arrivés. Nous avions diné ensemble les trois derniers soirs. J'étais devenu plus intelligent depuis mon petit problème avec le Kaoliang.
Je m'assurais maintenant du contenu de mes verres.
Les diners du temple avaient maintenant lieu trois fois par mois au lieu d'une fois comme avant.
Le comité du temple m'avait accepté comme membre spécial et je pus prendre Tink avec nous au diner, sans qu'il n'y ait la moindre plainte.
Après tout, ce n'était pas comme si je vivais tout le temps à CHIAYI.
Tink ne semblait pas très à l'aise, il y avait beaucoup de monde. Elle était en pleine mue et je m'inquiétais de la voir se mâchouiller les plumes.
Je la mis donc dans sa cage de transport à mes pieds et lui donnai de petits bouts de nourriture de temps en temps et mes doigts à grignoter gentiment.
Lundi 21 avril
C'était une matinée maussade, le ciel était gris avec des taches presque noires mais il ne pleuvait pas malgré les nuages menaçants.
Les YU étaient sortis.
Il ne nous restait qu'à mettre le harnais à Tink et à fermer la maison derrière nous.
Après sa formidable colère et les bons moments qui avaient suivi, je pensais que tout était oublié jusqu'à ce que j'essaye de lui mettre le harnais.
Les apprentissages que je pensais acquis étaient délibérément ignorés par Tink.
Je commençai à la suivre à travers la pièce puis j'appelai Joy, espérant qu'à deux, nous pourrions limiter les endroits en hauteur où elle se perchait pour être hors d'atteinte.
Ma chère Tink qui n'aurait jamais fait de mal à une mouche, comme je l'avais souvent répété à Joy, lui pinça le doigt.
Je lui dis que ça n'était que du bluff de la part de Tink mais Joy refusa de participer à cette "chasse" et abandonna son poste.
Par ma persévérance (et malgré que l'idée d'aller acheter un grand filet de pêche m'eut traversé l'esprit), je parvins finalement à harnacher Tink.
Une fois le harnais posé, Tink redevenait le charmant perroquet qui savait qu'elle allait venir avec nous prendre un petit déjeuner et faire une ballade sur sa moto.
Nous passâmes d'abord dire bonjour à YU à son travail.
J'étais désolé d'avoir dû quitter la charmante dame aux cactus d'hier et je voulais y retourner. J'ai toujours aimé les cactus et les plantes grasses. J'avais aussi une belle collection lorsque je vivais à Taïwan. Je l'avais donnée à YU qui aimait aussi les plantes quand j'avais quitté Taïwan.
J'avais remarqué qu'il manquait à la collection de ma vieille amie, le L Williams. Il se trouvait que celui que j'avais donné à YU avait grandit et fait des petits boutons.
La charmante dame fut enchantée par les deux boutons que je lui amenai. Elle savait ce que je lui donnais. Elle me montra qu'elle en possédait un mais il était très petit et en train de mourir.
Sa collection faisait l'admiration de beaucoup de ses voisins. L'amie de ma femme que nous sommes allés saluer plus tard était très étonnée que j'ai pu donner à sa voisine un cactus qu'elle n'avait pas déjà.
Nous avons ensuite pris la route du lac de LangTang qui n'était pas très loin. Nous avons reporté notre intention de nous rendre au temple zen de SanPanShan qui était trop loin, bien que les affiches posées pendant la perte de Tink auraient dû être enlevées.
Nous voulions mieux tester les nouvelles dispositions prises pour la sécurité de Tink.
Le temps était toujours menaçant.
Nous avions dit à YU que nous serions probablement de retour en début d'après-midi.
Nous prîmes la cage de transport pour nous rendre à notre place habituelle, une plate-forme en bois sur les bords du lac.
Je tirai cin mètres de ligne avant de rebloquer la bobine de Tink. Cette bobine/perche était attachée à mon sac à dos par une bande velcro.
Tink était fascinée par le velcro et nous étions encore plus fascinés par la vitesse à laquelle elle comprit comment détacher le velcro.
Elle n'y avait pas fait attention l'autre jour au parc de CHIAYI mais il en était autrement aujourd'hui.
Peut-être Tinkerbell est elle la réincarnation actuelle d'Houdini (prestidigitateur américain d'origine hongroise 1874-1926) et pas un simple perroquet.
Nous avons, dès lors, rajouté un mousqueton pour assurer l'attache de la bobine au sac à dos.
Tink avait joué avec ce mousqueton la semaine précédente. Elle allait le chercher et me le ramenait en volant pour le plus grand plaisir de ce fermier aux pies bleues de Formosan.
Pour une sécurité maximale, nous avions en plus coincée la bobine sous le sac à dos.
Tink nous faisait comprendre qu'elle aimait bien sa cage de transport. Perchée sur la balustrade en bois, elle descendait et rentrait seule dans sa cage, puis en ressortait.
Nous avons ensuite fait quelques rappels. Commençant à 5 m jusqu'à 25 m. Elle acceptait les graines de tournesol et que je lui caresse le bec, et de temps en temps, je pouvais aussi lui caresser la tête.
Après quelques rappels, je sentis chez elle un certain inconfort, je la ramenai à notre "camp de base" et elle rentra immédiatement dans sa cage de transport. Ce n'est qu'après un bon moment qu'elle en ressortit.
Maintenant, lorsque nous avions l'intention de faire la sieste ou quand notre attention n'était pas concentrée à 100% sur elle, nous la mettions dans sa cage de transport et fermions la porte.
Puis, nous sommes partis déjeuner.
Après ça, nous avons ramené Tink au travail de YU qui la plaça à un endroit d'où elle pouvait tout surveiller.
Ensuite Joy et moi sommes allés au complexe de QuoHua où nous avons pu profiter d'une série de piscines chaudes, de bains chauds aux herbes médicinales, de piscines glacées et de jets d'eau en tout genre. Il y avait aussi un endroit à l'air libre pour s'asseoir ou s'étendre et où on pouvait fumer sans être considéré comme un lépreux, comme dans beaucoup d'endroits du monde.
Un délicieux ananas coupé en morceaux ainsi qu'un merveilleux tofu fermenté et aromatisé accompagné de légumes au vinaigre, finirent de me monter au septième ciel cet après-midi là.
Nous sommes rentrés dans la soirée et nous sommes installés dans le salon avec YU qui avait ramené Tink. Son harnais lui avait été retiré et elle se lissait les plumes. Nous savions qu'il ne fallait pas la déranger dans ce moment sacré pour elle.
Lorsqu'elle eut fini, elle vola sur YU et inclina la tête pour réclamer des caresses.
Après un moment, YU demanda à Tink de venir sur moi, ce qu'elle refusa. Je l'aidai en approchant ma main et elle y monta mais après à peine dix secondes, elle leva la tête vers YU et vola jusqu'à lui.
C'était ce qui devait être. Le flambeau était passé. C'était sa vie avec YU.
Je ne me sentais pas triste, au contraire. Je pensais ne jamais arriver à un tel aboutissement. C'était une bonne fin et j'en étais très content.
Je l'aimerais toujours, comme, j'imagine, vous continuerez de l'aimer. Sauf que cet amour sera encore plus doux sans la douleur lancinante provoquée par le manque et l'envie de la voir.
Tinkerbell serait la Tink de YU. Je serai une figure-clé du passé et une partie de son présent chaque fois que je reviendrai.
Et bien sûr, plus tard dans la soirée, lorsque je la ramenai dans sa pièce, elle pencha la tête pour que je la caresse. De temps en temps, elle tournait la tête pour me toucher gentiment le doigt puis revenait dans sa position initiale pour plus de grattouilles.
Comme son laquais, je continuerais à améliorer ce qui pourrait l'être.
Je remarquai que la lumière de la rue se reflétait sur la bibliothèque sur laquelle elle dormait. Je m'arrangeai pour empêcher cette lumière d'entrer afin qu'elle ait un maximum d'obscurité pour dormir.
Mardi 22 avril 2008
C'était une magnifique journée qui commençait. Le temps promettait d'être beau. Le genre de journée qui nous aurait permis d'aller visiter des endroits assez éloignés. Ce ne fut pas le cas.
Le soir précédent, le dentiste m'avait appelé pour me rappeler que j'avais rendez-vous pour une vérification des soins qu'il m'avait faits quelques jours plus tôt.
Je lui avait dit que ça allait très bien et que j'annulais le rendez-vous, ce qui me laissait plus de temps avec Tink.
Mais quand j'allai me coucher, à mon grand désespoir, je perdis ma dent toute neuve plus une couronne qui la tenait.
Ce fut difficile, frustrant et difficile de mettre son harnais à Tink ce matin la surtout que j'avais espéré passer du bon temps avec elle aujourd'hui.
Finalement le harnais fut mis et nous l'avons emmenée pour la laisser au travail de YU.
Heureusement je n'attendis pas chez le dentiste et ma dent fut rapidement remise.
J'avais toujours eu de mauvaises dents. Le chirurgien m'avait fait une radio de la bouche et avait remarqué une foule de problèmes mais le peu de temps dont je disposais sur place ne permettait pas d'en faire plus pour le moment.
Je fus content de sortir tôt de chez le dentiste.
Nous retournâmes au travail de YU pour récupérer Tink.
La veille, le mauvais temps nous avait empêché d'aller au temple zen retirer les affiches posées au moment des recherches de Tink. C'est donc ce que nous décidâmes de faire.
Nous sommes donc allés réserver nos billets de train pour TaiDong.
J'entrai et marchai dans la gare avec Tink sur mon épaule pendant que Joy allait au guichet.
Personne dans la gare ne fit attention à nous. Tinkerbell ne leur posait aucun problème du moment que ce n'était pas un crabe vivant.
Tous les crabes vivants étaient bannis des gares et des trains de Taïwan depuis qu'un mec était monté dans un train avec un sac de crabes vivants. Certains s'étaient échappés et l'un d'entre eux fut écrasé en se faisant marcher dessus. Le propriétaire du crabe voulait 300 dollars taïwanais alors que la compensation pour un crabe devait tourner autour de 30. L'autre refusa donc de payer et cela finit en énorme baston.
Je ne sais qui gagna et qui perdit mais depuis ce jour la, les crabes vivants sont interdits dans les gares et les trains.
Comme nous avions du temps, nous sommes retournés au lac de LangTang où nous étions la veille.
Nous avons acheté des BianTan à emporter pour le déjeuner.
Il y avait beaucoup de vent et, comme hier, nous décidâmes d'annuler nos projets.
Je fis quelques rappels avec Tink puis je décidai de fabriquer encore un harnais de rechange. J'avais emmené comme modèle un des harnais que j'avais confectionné quelques jours plus tôt.
Soudain, alors que j'étais en train de travailler sur ce nouveau harnais, je repensai au jour où j'avais essayé plusieurs fois le harnais à Tink pour lui ajuster.
J'ai alors réalisé que, peut-être, ce n'était pas l'essayage et les ré-essayages qui l'avaient tant contrariée mais peut-être le coup que je lui avait fait à la fin.
Lorsque je lui avais fait croire que je n'allais pas lui mettre le harnais en le laissant bien en vue sur la table pendant que j'en cachais un autre dans ma poche.
Je lui avait dit que je voulais lui faire des caresses et quand elle était venue, je l'avais attrapée par surprise, fier de ma ruse et lui avait enfilé son harnais sans scrupules.
Je ne lui avais même pas fait la caresse promise. Je me sentais mal d'avoir été si mauvais avec elle ce jour là.
Elle était dans sa cage de transport car je ne pouvais pas la surveiller à 100% en fabriquant le harnais.
Je la laissai sortir. Elle était toujours gentille avec moi, même si je n'étais plus son préféré pour les grattouilles du soir.
Je lui parlai de ce jour, de combien j'étais désolé de lui avoir joué ce mauvais tour.
Je lui dit qu'elle compterait toujours pour moi. Elle ne sembla pas me prêter attention.
Je partis un peu plus loin avec elle pour faire des rappels. Elle répondit comme d'habitude : rapidement et précisément au signal.
Puis, nous prîmes le déjeuner que nous avions acheté plus tôt. Tink eut droit à du riz, des nouilles et des légumes mais elle décida que nos assiettes semblaient meilleures que la sienne et elle sauta de la balustrade pour nous rejoindre.
Elle persécuta Joy pour ses nouilles qui trempaient dans une sauce à la viande. Joy n'en voulait plus et Tink se jeta dessus.
Comme je me sentais toujours coupable du mauvais tour que je lui avais joué, je la laissai faire.
Entre promenades, rappels et petits séjours occasionnels dans sa cage de transport lorsque nous voulions lire ou nous reposer, la journée passa trop vite.
Notre séjour à Taïwan allait bientôt prendre fin.
Nous quitterions CHIAYI pour TAIDONG après demain à 8h20 du matin.
Demain sera notre dernier jour complet avec Tink.
Nous sommes rentrés assez tôt dans l'après-midi.
YU voulait nous emmener dans un resto japonais pour dîner. Vu le nombre de clients qui s'y pressaient, il en avait déduit que ce devait être une bonne adresse.
Mme YU ne pouvant pas venir avec nous, nous ne serions que tous les trois.
Tink resta à la maison.
C'était un genre de stand sur le bord de la route avec de petites tables éparpillées sur le trottoir.
Le chef et propriétaire de l'endroit était vêtu d'un kimono court traditionnel et portait un bandeau autour de la tête.
Beaucoup de tables étaient déjà occupées mais nous avions réservé.
Comme YU n'était jamais venu, il ne savait pas ce qui était bon et il commanda donc au chef sa spécialité.
L'homme acquiesça en nous assurant que nous ne serions pas déçus.
Peu de temps après, nous fûmes devant un énorme plat rempli de différents sashimis ainsi que diverses autres choses que je ne me risquerais même pas à vous décrire. Tout était servi dans des assiettes en céramique.
Malgré l'ambiance de "bord de route", la magnifique présentation des plats était la marque caractéristique d'une excellente cuisine japonaise.
Je peux dire honnêtement que ce fut l'un des meilleurs repas japonais que je fis de ma vie et... je me considère comme un connaisseur en cuisine japonaise.
Puis, Yu me dit qu'il était inquiet du fait que Tink vomisse parfois. Je lui expliquai que c'était un genre de marque d'affection chez les perroquets et le rassurai en lui disant qu'il n'était pas indispensable qu'il régurgite en retour pour faire plaisir à Tink.
Moi, je lui parlai des problèmes que j'avais pour lui mettre son harnais et je lui exposai ce que je pensais en être la cause et même si demain était mon dernier jour avec elle, je ferais sans doute mieux de ne pas la sortir si je devais pour cela la pourchasser comme je l'avais fait ces deux derniers jours.
Nous bûmes deux bouteilles de saké pour accompagner ce festin. La soirée fut excellente.
L'addition fut de 1360 dollars taïwanais (environ 40 dollars US). Excellent adresse pour amateurs de cuisine japonaise, malheureusement intraduisible.
Quand nous sommes rentrés à la maison, Tink dormais sur sa bibliothèque. Je fus content de voir que le "store" que je lui avait fabriqué fonctionnait et que la lumière de la rue n'éclairait plus son coin.
Je l'appelai tout doucement et lui demandai si elle voulait des caresses. Elle baissa la tête et je la caressai pendant qu'elle me pinçait le doigt gentiment.
Je lui redis que j'étais désolé de l'avoir trompée et que demain était mon dernier jour à CHIAYI.
Mercredi 23 avril 2008
Ce matin la, je pris mes deux tasses de café sur le toit de la maison.
Les derniers événements s'entrechoquaient dans ma tête.
Le troisième niveau de la maison de YU donne sur le toit en terrasse, duquel on peut profiter d'une vue étendue sur les autres toits, sur les champs au loin et, si le temps était clair, la chaine de montagnes centrale qui traverse Taïwan et qui se trouve à l'ouest de CHIAYI.
Cette matinée était incroyable, comme un écrin pour notre dernier jour avec Tink.
Nous avions décidé de partir le 24 non seulement pour voir d'autres vieux amis mais aussi pour ne pas devenir envahissants pour les YU chez qui nous étions toujours bienvenus. Je craignais qu'à la longue les YU ne ressentent une certaine lassitude si notre séjour se prolongeait trop et je ne voulais en aucun cas laisser cela arriver.
Quand je descendis dans la pièce de Tink j'étais nerveux.
Je marchai vers elle. Elle était perchée sur sa bibliothèque.
Je lui dis que c'était notre dernier jour avant mon départ, je pris son harnais et, le tenant bien en vue, je m'approchai d'elle.
Elle ne bougea pas et lorsque la boucle du harnais fut assez proche, elle passa la tête à l'intérieur.
J'avais les larmes aux yeux. Elle me rendait si humble.
Avec amour, je finis de lui enfiler le harnais et y attachai la ligne.
Donc, les excuses que je lui avais présentées hier avaient été comprises. Elle savait que j'étais sincèrement désolé.
Nous étions prêts et sommes allés au travail de YU, tout proche.
Nous sommes ensuite allés prendre notre petit déjeuner favori composé de riz gluant et de porc savoureux. Nous avons aussi fait nos adieux à nos amis sur place.
Plus tard, dans l'après-midi, nous devions également aller dire au revoir à d'autres gens, nous n'allions donc pas pouvoir sortir Tink avec nous toute la journée.
Nous sommes retournés sur les bords du lac LangTang.
C'est un lac immense même si le niveau était bas en ce moment, dans l'attente d'un typhon pour le relever.
Il y avait plein d'autres endroits que la plate-forme en bois où s'arrêter bien qu'elle reste l'un de nos favoris.
Cette fois nous sommes allés quelques kilomètres plus loin, jusqu'au double pavillon. L'un d'entre eux était tout au bord de l'eau et l'autre une terrasse plus haut.
Nous nous sommes installés sur la terrasse en bois du pavillon le plus bas. Nous étions bien tous les trois ensemble.
Je faisait faire quelques vols à Tink de temps en temps.
Nous pouvions voir un homme en train d'essayer de lancer un filet. D'autres hommes arrivèrent. Comme nous étions plus hauts qu'eux, nous pouvions voir les poissons plus facilement. Ils nous crièrent de les aider à envoyer leur filet au bon endroit.
Ce n'était pas à moi de dire pourquoi ils pêchaient où c'était interdit, qui plus est à un endroit où le niveau d'eau était si bas.
Alors, guidant l'homme qui suivait mes instructions pour envoyer son filet, je projetai de faire en sorte d'aider les poissons à nager hors d'atteinte.
Il était temps de partir. Je demandai un dernier rappel à Tink d'une rampe en contrebas.
Nous avons quitté le double pavillon, attirés par le son d'un saxophone. A travers ses notes, le musicien semblait dire "je ne suis qu'un homme avec un long chemin devant moi."
Je m'éloignai, le sourire aux lèvres en pensant que je n'étais qu'un étudiant avec des oiseaux et des créatures, à qui il restait un long chemin à parcourir.
Je ne veux jamais penser que je suis un maitre en quoi que ce soit, ainsi je continuerais à apprendre de tous les animaux.
Nous avons ramenée Tink au travail de YU tôt dans l'après-midi en passant par la boutique d'articles de pêche pour dire au revoir au propriétaire et ami.
Nous sommes ensuite retournés au complexe QuoHua, profiter à nouveau de ses eaux bienfaisantes pendant quelques heures.
Puis, nous sommes retournés voir YU. Il avait pris le reste de son après-midi.
Il nous conduisit, avec Tink, à l'atelier de M. HSU. C'était la première fois que j'y venais.
Nous avons pris un thé dans son bureau avec sa femme et lui, tout en discutant.
M. HSU avait passé pas mal de temps à Singapour où il nous raconta qu'il s'était fait arnaquer de nombreuses fois dans des restaurants pour touristes.
J'imaginais aisément comment cela avait pu se passer. Le fait d'avoir grandi et passé toute sa vie à CHIAYI, Taïwan, avait contribué à faire de lui un homme honnête et confiant. Il avait commandé sans demander le prix avant et s'était retrouvé avec une addition exorbitante.
Nous sommes ensuite allés manger dans un restaurant réputé pour sa volaille.
Tink était connue dans ce restaurant aussi, sauf que cette fois, elle était avec moi. Elle ravit l'équipe du restaurant en faisant un rappel de quinze mètres.
YU ne connaissait pas M. CHEW, le propriétaire de la boutique d'articles de pêche et comme il était aussi très reconnaissant du remarquable travail mécanique et artistique que ce dernier avait fait sur la bobine/perche de Tink, nous nous y rendîmes après le repas.
YU et M. CHEW se serrèrent la main en remarquant qu'ils allaient peut-être devenir amis grâce à un oiseau.
La dernière soirée avec les YU fut, une fois de plus, très agréable.
Lui, sa femme, ses trois enfants, Joy, Tink et moi allâmes à ce petit resto que j'aimais tant et qui servait d'excellentes nouilles au bœuf ainsi qu'une soupe, également au bœuf et non moins excellente.
Je m'arrangeai cette fois pour détourner l'addition en appelant discrètement le patron (que je connaissais bien) pour lui dire combien il était injuste que je ne puisse jamais inviter mes amis à diner, sous prétexte que nous étions les "invités".
Puis nous sommes rentrés et j'ai monté Tink dans sa pièce.
Jeudi 24 avril 2008
Nous nous sommes levés tôt.
Je pris mon dernier café-clope sur le toit/terrasse. Le temps était trop brumeux pour voir la chaine de montagnes.
Je mis le harnais à Tink. Nous étions tous dehors à 6h45. Les enfants partirent pour l'école.
YU nous emmena ensuite prendre un petit déjeuner dans un restaurant que nous ne connaissions pas, spécialisé dans le porridge de poisson, qui, comme vous deviez vous y attendre, était délicieux.
D'autres assiettes pleines de mets à base de poisson suivirent.
Certains trucs que le reste du monde jetterait sont fort appréciés par les chinois (comme les pattes de poulets ou de canards).
Puis, nous nous rendirent tous les cinq à la gare de CHIAYI.
Lorsque nous étions arrivés, nous avions tout ce temps merveilleux devant nous. Celui-ci était passé en un clin d'œil.
Cette fois, contrairement à la dernière fois, les adieux furent poignants mais joyeux.
En décembre dernier, avant de perdre Tink et d'avoir la peur de ma vie, je pensais être complètement guéri de son absence dans ma vie au quotidien.
Je sais maintenant que cette guérison n'était pas complète mais le processus pouvait maintenant reprendre.
Elle resterait toujours comme un premier amour.
Je sais, bien sur, que je reviendrai voir les YU ainsi que Tink, peut-être autant pour eux que pour elle.
Ils montèrent dans leur voiture et reprirent leur chemin avec Tink.
Nous montâmes dans notre train.
Voilà l'histoire de Tinkerbell, perdue et retrouvée par Shanlung.
J'espère qu'elle vous aura intéressé.
Il y a beaucoup d'autres textes de Shanlung qui racontent avec talent sa vie avec ses animaux et en particulier ses oiseaux.
Si ça vous dit, je peux faire d'autres traductions.
Kétile