Jan 012024
 

ProventriculiteLa proventriculite ou PDD (Proventriculus Dilatation Disease), est une maladie mortelle d’évolution lente, responsable de troubles nerveux et de dysfonctionnements digestifs consécutifs à une destruction progressive des fibres nerveuses. Connue et redoutée des amateurs d’oiseaux depuis les années 1970, elle a été jusqu’à présent décrite chez plus de cinquante espèces d’oiseaux, dont la plupart des psittacidés (sauf jusqu’à présent la perruche ondulée), beaucoup de petits passereaux (comme le canari), les toucans, des rapaces (dont le faucon pèlerin) et des oiseaux d’eau.

C’est un virus qui attaque le système neurovégétatif  digestif (tractus gastro-intestinal). Il n’existe pas encore de traitement.

Les symptômes
Les symptômes, nerveux et digestifs, s’installent progressivement. Dans la forme digestive classique, l’oiseau devient progressivement incapable d’évacuer correctement son tube digestif et de digérer sa nourriture. Ceci entraîne une accumulation de la nourriture dans le jabot et une dilatation des estomacs (ventricule et proventricule), se traduisant par des régurgitations, des vomissements, la présence de graines non digérées dans les fientes et un amaigrissement progressif de l’animal.
La forme nerveuse est caractérisée par des pertes d’équilibre (chute brutale du perchoir, la nuit notamment), une incoordination, des mouvements anormaux de la tête, des convulsions ou l’apparition de cécité.
Les deux formes cliniques peuvent être éventuellement associées. Le décès intervient habituellement au bout de quelques mois d’évolution.

Beaucoup d’oiseaux porteurs sains
Cette maladie est caractérisée par un portage sain important, c’est-à-dire par un nombre important d’oiseaux qui ont été infectés par le virus, qui sont contagieux, mais qui ne développent pas forcément la maladie. Parmi les psittacidés, les Gris du gabon, les Cacatoès, les Amazones développent plus facilement la maladie tandis que les perruches calopsittes sont de fréquents porteurs sains.
La Proventriculite se développe préférentiellement dans les populations denses d’oiseaux maintenus en milieu clos. La transmission se fait par ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par les fientes, par l’inhalation de poussières de fientes séchées et vraisemblablement d’une manière directe par les parents aux jeunes car le virus est présent dans les ovaires et les testicules.
L’incubation varie expérimentalement de 11 jours à 2 mois. Un oiseau atteint peut cependant rester porteur sain pendant des mois ou des années et excréter le virus de façon intermittente avant de développer les symptômes.

Un diagnostic encore complexe à réaliser
Pour lever le doute lorsque l’on soupçonne cette maladie, la réalisation de quelques examens complémentaires est nécessaire :

  • Radiographie : à l’examen radiographique, on observe une augmentation de la taille de l’estomac ainsi que la présence de gaz dans les anses intestinales. Bien que fortement suggestive d’une proventriculite, cette anomalie n’est cependant pas spécifique de cette maladie.
  • Tests de dépistage : maintenant que l’on connaît l’agent causal de cette maladie, le bornavirus aviaire, il est possible de mettre au point des tests de dépistage.

Ceux-ci sont de deux types :

  1. Une sérologie, qui permet de rechercher les anticorps se développant dans le sang lors de l’infection par le virus, et
  2. Le test PCR, qui permet de rechercher directement l’ADN du virus dans un prélèvement effectué sur l’oiseau.

Ces tests sont en cours de développement et ne sont pour l’instant pas disponibles en France. Ils ne permettent de toutes façons pas encore d’établir un diagnostic à coup sûr. En effet, une sérologie positive ne permet pas de différencier un porteur sain d’un malade et la fiabilité des tests PCR dépend de la présence effective du virus dans le prélèvement. Les prélèvements réalisés à partir des selles ou des prélèvements de muqueuse buccale ne sont donc pas indiqués car le virus n’y est présent que d’une façon intermittente. La présence de virus dans le sang ne semble non plus pas toujours détectable par un test PCR. Un site intéressant de prélèvement pour une analyse PCR semblerait être la base de la plume, à condition que celle-ci soit arrachée car on entraîne ainsi une terminaison nerveuse dans lequel le virus est pratiquement toujours présent. Des recherches sont actuellement en cours pour essayer de mettre au point un test rapide et fiable

  • Analyse histologique

En l’absence de tests de dépistage fiable, la méthode la plus sûre consiste encore à prélever une petite portion de tissu digestif et à l’adresser à un laboratoire spécialisé afin de réaliser une analyse histologique, c’est-à-dire un examen microscopique des tissus prélevés de façon à mettre en évidence les lésions caractéristiques provoquées par l’atteinte du virus. On prélève habituellement un tout petit fragment du jabot, opération peu risquée, superficielle, qui ne nécessite qu’une brève anesthésie.  En France, il existe des laboratoires qui proposent le dépistage par examen sanguin ce test est intéressant pour passer en revue une population d’oiseaux, comme un élevage dans lequel on souhaite éradiquer la PDD. L’éleveur doit toutefois être bien informé qu’une grande proportion des oiseaux décelés positifs ne développera pas la maladie clinique. Le protocole le plus fiable de diagnostic pour un individu consiste donc encore pour l’instant en l’examen histologique d’une biopsie du jabot.

Un traitement sur le long terme permet une amélioration réelle
Le traitement vise essentiellement à réduire les symptômes car il n’existe pour l’instant aucun médicament permettant d’éliminer le virus. Il doit être maintenu pendant plusieurs mois à plusieurs années. Bien qu’une nette amélioration soit souvent observée, on suppose jusqu’à nouvel ordre que les oiseaux demeurent chroniquement infectés. L’amélioration intervient habituellement au bout de quinze jours d’administration. Les critères d’évaluation sont la prise de poids, l’amélioration des signes radiographiques et la disparition progressive des lésions observées sur des biopsies répétées du jabot.
Le traitement de l’inflammation par des anti-inflammatoires non stéroïdiens (qui ne sont pas à base de cortisone) apporte très souvent un réel soulagement à l’oiseau malade. Il faut également traiter la diminution de la mobilité intestinale et les régurgitations chroniques avec des antispasmodiques digestifs. Lors d’atteinte nerveuse, certains médicaments utilisés pour la maladie de Parkinson chez l’homme peuvent parfois être utilisés.
Enfin, il est important de nourrir l’oiseau avec une nourriture hautement assimilable et de consistance liquide, comme des extrudés humidifiés ou des bouillies de nourrissage pour jeunes oiseaux, car on lui apporte ainsi un confort réel et on favorise la reprise de poids. Les oiseaux atteints ingèrent souvent des corps étrangers, comme des morceaux de bois, vraisemblablement pour essayer de soulager leur gêne digestive : la supplémentation de la nourriture avec des fibres végétales permet de répondre à ce besoin.

Perspectives d’avenir
La récente découverte du borna virus aviaire et la démonstration de son rôle pathogène dans la Proventriculite des oiseaux constitue donc une avancée fondamentale pour la compréhension de cette maladie. Il reste à attendre une généralisation de tests de dépistage faciles à utiliser et disponibles en France.

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